VIH : les limites de la trithérapie
Si elle empêche la circulation du VIH dans le sang, la trithérapie n'empêcherait pas le VIH de s'installer et de se multiplier dans certains organes, selon une étude publiée dans The Journal of Virology.
Après plusieurs mois d’utilisation, les trithérapies antirétrovirales ciblant le VIH (cART) réduisent la charge virale dans le plasma à des niveaux indétectables (de ce fait, après six mois, et tant que la thérapie est suivie, les risques de contamination sont considérés comme nuls). Mais l’absence de circulation du virus dans le sang ne signifie pas nécessairement que sa multiplication dans certains organes soit également interrompue.
Les chercheurs ont comparé des échantillons de tissus prélevés post-mortem chez 20 personnes sous trithérapie à d’autres échantillons issus de porteurs du VIH non traités. Leur analyse a permis d'identifier d’importantes réserves de virus dans divers organes : le cerveau, la rate, les poumons, les ganglions lymphatiques, le foie, les reins, et certaines partie de la principale artère du corps humain, l’aorte.
Si le VIH n’a pas été détecté dans l’ensemble des échantillons, "aucun [des 20 corps examinés] n’était complètement exempt de VIH dans un ou plusieurs tissus", soulignent les auteurs de l’étude, publiée en octobre dans Journal of Virology.
Ils soulignent que "[19 des 20 sujets] présentaient un certain degré d'athérosclérose, et [15 sur 20] sont décédés d'un cancer".
Ils précisent toutefois que des études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer dans quelle mesure le VIH favorise - ou non - la genèse de certains troubles neurocognitifs, de cancers ou de l'athérosclérose. "Cette étude corrobore [de précédents travaux qui avançaient que le VIH] restait présent dans certains tissus malgré la trithérapie", ce qui a des implications sérieuses dans le suivi des patients infectés, expliquent-ils.
Selon eux, cette étude apporte une nouvelle réponse à la question "où se cache le VIH chez les patients sous trithérapie ?" : les lymphocytes T constituent des réservoirs bien connus du virus, de nombreux tissus solides "contiennent un large spectre de cellules immunitaires potentiellement infectées par le VIH".
Source : HIV DNA Is Frequently Present within Pathologic Tissues Evaluated at Autopsy from Combined Antiretroviral Therapy-Treated Patients with Undetectable Viral Loads. S.L. Lamers et al. Journal of Virology, oct 2016. doi:10.1128/JVI.00674-16