Le tétanos tue toujours en France, faute de vaccination
Entre 2012 et 2017, 35 cas de tétanos ont été enregistrés sur le territoire, dont 8 mortels. Des vaccins absents, non mis à jour ou une vaccination incomplète sont en cause.
Contracter le tétanos est devenu un événement excessivement rare en France, avec une prévalence annuelle d’un cas pour dix millions d’habitants.
Depuis 1940, les enfants doivent avoir reçu les trois doses de vaccins qui leur confèrent une immunité temporaire avant leur 18 mois [1]. Ensuite, des rappels sont indispensables à l’âge de 6 ans, autour de 12 ans, puis tous les 20 ans à partir de 25 ans, et tous les 10 ans à partir de 75 ans.
Malheureusement, comme le démontre une étude publiée ce 11 décembre dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire, tout le monde n’est pas à jour de ses vaccins.
Sur 35 cas survenus entre 2012 et 2017, 3 concernaient des enfants âgés de moins de 10 ans. Parmi eux, deux enfants de 3 et 8 ans non vaccinés, et un de 4 ans qui n’avait reçu que deux des trois doses obligatoires avant l’âge de 18 mois.
Voir également : Le tétanos, rare mais mortel
Dans tous les cas documentés, une vaccination absente ou incomplète est en cause
L’information sur le statut vaccinal des patients a été rapportée dans 15 des 35 cas déclarés aux autorités sanitaires. Dans 13 d’entre eux, aucune vaccination n’avait été réalisée. L’un des deux cas restants concerne un patient de 71 ans pour lequel aucun historique de vaccination n’a été retrouvé. Le second cas concerne un patient de 51 ans qui n’avait pas fait de rappel depuis l’âge de 25 ans, et pour lequel "le nombre total de doses reçues" (avant ses 25 ans) "est inconnu".
Les auteurs de l’étude notent que, si l’on exclut les cas de décès, la durée médiane d’hospitalisation en service de réanimation était de 46 jours. Des séquelles – difficultés motrices, rétractions musculaires et autres complications ostéo-articulaires – ont été signalées pour 12 des 27 patients ayant survécu (dont 2 des 3 enfants).
Vaccination et immunoglobulines
Les huit patients décédés du tétanos sur le territoire étaient âgés de 55 à 93 ans. Leur décès est survenu entre 2 et 41 jours après le début de leur hospitalisation.
"L’ensemble de ces cas et décès auraient pu être évités par une meilleure application du calendrier de vaccination antitétanique", précisent les auteurs de l’étude. Ils notent également qu’en cas d’infection avec plaie, "la vaccination et l’administration d’immunoglobulines […] selon le protocole recommandé", c’est-à-dire sans délai, aurait vraisemblablement permis d’éviter le développement de l’infection.
"Contrairement aux autres maladies à prévention vaccinale, le tétanos n’est pas à transmission interhumaine, et il n’existe aucune immunité́ de groupe pouvant conférer une protection individuelle indirecte vis-à-vis de l’infection", rappellent les auteurs de l’étude. "De surcroit, un patient atteint de tétanos ne développera aucune immunité́ à la suite de l’infection. Seule une vaccination bien conduite confère une protection vis-à-vis de la maladie".
la rédaction d’Allodocteurs.fr
[1] Le schéma vaccinal actuellement en vigueur préconise deux doses à deux mois d’intervalle dès l’âge de deux mois, puis une troisième à 11 mois.
Le tétanos est une infection transmise par une bactérie présente sous forme de spores dans le sol. Elle peut rester des années présente dans la terre ou dans les intestins de certains animaux. Dans le sang, la bactérie sécrète la toxine tétanique, qui remonte le long des nerfs, et bloque la transmission des influx nerveux. Les muscles de la personne infectée restent alors contractés.