VIDEO – Des larves dans les narines

Des médecins brésiliens ont présenté ce 19 mars les images très impressionnantes d'une infection parasitaire commune en Amérique du Sud, la myiase nasale. L'occasion d'évoquer cette maladie qui fait des ravages dans les élevages, dans de nombreux pays tropicaux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Attention, ces images médicales peuvent être choquantes. Vidéo : Examen endoscopique du patient brésilien (source - NEJM / crédits - A.F.B. Marco & M.D Baptista) - Illustration : une larve de Lucilie bouchère (cliché : John Kucharski, USDA, 2006)
Attention, ces images médicales peuvent être choquantes. Vidéo : Examen endoscopique du patient brésilien (source - NEJM / crédits - A.F.B. Marco & M.D Baptista) - Illustration : une larve de Lucilie bouchère (cliché : John Kucharski, USDA, 2006)

Le terme de myiase désigne l'ensemble des troubles liés à l'infection d'un organisme – humain ou animal – par certaines larves. Ce type d'infection est relativement fréquent dans les pays tropicaux. Souvent, l'infection découle d'une colonisation d'un orifice naturel (narines, oreilles, yeux…).

Les images présentées ci-dessous sont, comme souvent avec les myiases, très impressionnantes. Publiées par le New England Journal of Medicine, elles sont issues de l'examen clinique d'un brésilien de 65 ans souffrant de saignements de nez depuis une pleine semaine. Au deuxième jour de la crise, le patient avait noté la présence d'une "odeur nauséabonde", et avait commencé à avoir des difficultés à respirer. Du liquide s'accumulait également sous son œil (œdème oculaire)

Cinq ans auparavant, le patient avait subi une ablation d'une portion de la cavité nasale suite à une infection au papillomavirus(1). Peut-être les symptômes étaient-ils une conséquence tardive de cette opération ?

A l'hôpital de São Paulo (Brésil) où l'homme était venu consulter, les médecins programmèrent rapidement un examen endoscopique. Ils découvrirent, dans la cavité nasale gauche, près du canal lacrymal et de la trompe d'Eustache, une centaine de larves grouillant dans une muqueuse ulcérée.

Il s'agissait de larves de Lucilie bouchère (Cochliomyia hominivorax) une mouche sud-américaine bien connue des entomologistes. La femelle pond ses œufs dans les blessures des mammifères à sang chaud. Ceux-ci éclos, les larves pénètrent dans les tissus, dont elles se nourrissent(2). Une odeur très forte est produite par ces larves, destinée à attirer d'autres mouches sur le terrain de ponte. Véritable fléau dans les pays où l'espèce est endémique, elle entraîne annuellement la mort de milliers de bovins et d'ovins. Les infections humaines sont courantes.

La myiase nasale du patient brésilien a été traitée avec succès "grâce à l'application locale d'une solution saline et l'élimination quotidienne des larves, avec l'assistance de l'endoscopie", notent ses médecins. "Après quatre jours, les symptômes ont disparu, [l'examen confirmant que] les larves avaient été éradiqués de la cavité nasale".

 

Source : Nasal Myiasis, A. Marco, M. Baptista, NEJM 2015, 19 mars 2015. doi:10.1056/NEJMicm1403473

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(1) Son système immunitaire était par ailleurs considérablement affaibli (infection au VIH, sans prise d'antirétroviraux, co-infection à l'hépatite C).
(2) Cette espèce ne se nourrit que de tissus vivants.

Dans le sud de l'Asie, la myiase nasale est connue sous le nom de peenash. Dans les pays de culture hindouiste, cette infection – courante – serait considérée comme un "châtiment divin", à en croire de fréquents commentaires présents dans les études de cas médicaux. Cette interprétation religieuse semble toutefois avoir émergé assez récemment dans ces pays.