Zika, dengue et chikungunya : les maladies propagées par le moustique tigre progressent en France
Alors que le moustique tigre occupe désormais 70% du territoire métropolitain, une surveillance des maladies qu’il peut transmettre doit être renforcée, alerte Santé publique France.
Il est désormais présent sur 70% du territoire métropolitain. Le moustique tigre, ou Aedes albopictus, gagne du terrain : en 2019, on le recense dans 51 départements soit neuf de plus qu’en 2018. Problème : cet insecte est vecteur de plusieurs maladies virales, dont l’incidence progresse donc en même temps que le moustique.
C’est le cas de la dengue, du chikungunya mais aussi du Zika, alerte Santé publique France dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire du 9 juillet 2019 consacré à ces "arboviroses", des maladies dues à des virus transmis par piqûre d’insectes.
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Un risque de transmission autochtone
D’autant que le moustique tigre est tenace : "Une fois installé dans une commune ou un département, il est pratiquement impossible de s'en débarrasser", observent les autorités. Et le plus grand risque est celui d’une transmission autochtone, c’est-à-dire sur place, en métropole. Concrètement, si un voyageur revient d’une zone à risque en étant infecté par le virus de la dengue, du chikungunya ou du zika et qu’il se fait piquer en métropole par un moustique tigre, cet insecte devient porteur du virus. Il risquera alors contaminer les personnes qu’il piquera ensuite.
C’est pourquoi, "dans un contexte de changement environnemental et de mondialisation, notre système de santé doit se préparer", prévient Christine Ortmans, responsable du département Veille et sécurité sanitaire à l'Agence régionale de santé PACA (Marseille) dans un éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Des failles dans le dispositif de surveillance
Ainsi, devant l'expansion de ce moustique, les experts de Santé publique France suggèrent dans le BEH de "recentrer" le dispositif de surveillance actuel "sur les cas confirmés ou probables (...) pour une meilleure efficacité et utilisation des moyens".
Car depuis 2010, en métropole, 12 épisodes de transmission autochtone ont été identifiés, neuf de dengue et trois de chikungunya, qui ont entraîné au total 54 cas autochtones, 23 de dengue et 31 de chikungunya. Or, l’analyse de ces cas a pu montrer "l’efficacité du dispositif de surveillance" et des investigations qui ont permis "d’identifier rapidement les foyers et de les circonscrire". Mais des failles ont aussi pu être mises en évidence : l’apparition des cas autochtones était "très majoritairement liée à l'absence d'identification des cas primaires importés" et, "dans une moindre mesure", des actions incomplètes pour lutter contre le moustique "autour des lieux fréquentés" par les personnes revenues avec le virus, remarquent les experts de Santé publique France.
Déjà 212 cas d’arboviroses importés cet été
En pratique, la surveillance doit être particulièrement renforcée pendant la période d’activité du moustique tigre, de début mai jusqu’au 30 novembre. Il est également important à cette période d’informer sur les caractéristiques d’Aedes albopictus qui se développe essentiellement en milieu urbain et présente la particularité de piquer le jour.
En 2019, du 1er mai au 7 juillet, 187 cas importés de dengue, 22 cas importés de chikungunya et 3 cas importés de zika ont déjà été recensés. D'où la nécessité de combattre toujours mieux ces "hôtes (de virus ndlr) indésirables et particulièrement pugnaces" que sont ces moustiques, des voyageurs "clandestins" qui n'hésitent pas à "s'inviter dans nos voitures pour remonter (...) vers le Nord et pondre leurs oeufs dans des réserves d'eau qu'ils trouvent en chemin", remarquent enfin les experts.