Hôpital psychiatrique du Rouvray : "15 mois après la grève, rien n'a changé"
L'an dernier, des salariés de l'établissement psychiatrique du Rouvray, près de Rouen, avaient mené une grève de la faim. Ils dénoncaient un manque de personnel et des difficultés d'accueil des patients. L'intersyndicale a relancé un mouvement social. Selon elle, la situation n'a pas évolué.
Malgré un accord de sortie de crise signé entre la direction, l’agence régionale de santé et les syndicats, les conditions de travail et d’accueil des patients ne se sont pas améliorées. Une situation que dénonce l’intersyndicale de l’hôpital du Rouvray et qui pèse sur le moral du personnel hospitalier.
Les syndicats ont donc relancé en septembre un appel à la grève pour obtenir l’application de l’accord signé. Il prévoyait notamment l’embauche de 30 infirmiers et aides-soignants. Des emplois que la direction affirme avoir pourvu : « les 20 postes supplémentaires sont bien affectés dans les unités adultes (…) par ailleurs l’ARS vient de confirmer la notification des 10 postes financés sur le fond d’intervention régional. »
Jean-Yves Herment, infirmier et représentant syndical CFDT, raconte une autre version : « Il y a eu des recrutements de postes sauf que ces postes-là, qui devraient être en plus dans les unités d’hospitalisation, ils ne sont pas en plus, ils servent juste à remplacer ou des départs ou de l’absentéisme. Il y a quelques unités où ils sont peut être plus mais ils sont tellement noyés dans une masse de suractivité et un taux d’absentéisme qui n’arrête pas d’augmenter que, de toute façon, l’amélioration des conditions de travail et des prises en charge n’est pas meilleure. »
Autre problème : la sur-occupation de l’établissement
Selon le personnel, le flux de patients augmente de 3% par an depuis 7 ans. La qualité d’accueil des patients se dégrade donc au même rythme que l’établissement est sur-occupé.
Pour certains soignants, la dégradation de l’accueil des patients et leurs conditions de travail ne leur permettent plus d’exercer leur métier dans de bonnes conditions. «Un soin d’hygiène, avant, ça aurait été 20 minutes et là c’est 10 minutes et à deux pour gagner du temps… On peut appeler ça de la maltraitance... », décrit Aurélie Graneix, une aide-soignante. Pour Clément Deminnay, infirmier, « donner un traitement ça peut prendre 3 minutes, par contre voir quelqu’un, prendre le temps de le rassurer, de comprendre sa détresse, d’envisager des pistes ou des solutions pour qu’il aille mieux, ça prends plus de temps que d’administrer un cachet… »
Autre demande accordée il y a 15 mois mais toujours pas effective : la création d’une unité pour adolescent. La direction, affirme qu’elle sera mise en œuvre en novembre 2020. Un délai encore trop long pour les syndicats…