Hébergement en EHPAD : décryptage des coûts
Il est courant de dire que les maisons de retraites sont hors de prix. Comment fonctionnent ces établissements et comment sont-ils financés ? Notre gériatre vous répond.
Il est effectivement d’usage de dire que les EHPAD sont chers mais on mélange un peu tout. Quand on parle de prix, il faut détailler le service rendu pour que cela fasse sens. En réalité, on confond crise du logement et coût de la dépendance. Quand on parle du coût des EHPAD, on regarde le prix global qui correspond en réalité majoritairement au coût du logement mais non à celui de la dépendance.
De fait, le prix à débourser chaque mois pèse très lourd dans le budget des familles avec untarif médian de 1 950 euros par mois. Un EHPAD c’est un logement avec du service. Hors le logement est cher et le service l'est encore davantage. La question n’est pas tant le coût de l'EHPAD mais on peut se demander si ce prix est justifié.
Comprendre la tarification
Un EHPAD c’est un hôtel, doublé d’un restaurant, et d’un lieu de soins. C’est un hôtel-restaurant dans lequel on s'occupe de votre toilette et dans lequel on fait vos pansements. De fait, le prix d’un EHPAD se divise en trois : l’hébergement, la dépendance, et le soin .
Hébergement
Le prix moyen hors taxe d’un hôtel en France est de 45 euros pour le "super" économique et de 65 pour l’économique. Pour les EHPAD, on tourne autour de 60 euros par jour, rien d’ahurissant puisque cela se situe entre la cabine lit-douche en bord d’autoroute et l’économique.
La restauration laisse bien souvent à désirer
Dans le prix cité, la nourriture est incluse, ce qui n’est pas le cas dans les hôtels super éco. Il y a une marge d’amélioration majeure car le budget consacré décolle à peine des 4 euros par jour, il faudrait alors accepter de payer un peu plus. On atteint alors 1 800 euros sur les 1 950 du total.
La dépendance
Le "forfait dépendance" (se faire aider pour la toilette) varie entre 5 et 20 euros par jour. Cela amène aux fameux 1 950 euros. On peut donc l'interpréter de deux façons :
Un EHPAD est cher, puisque de nombreuses personnes n’ont pas cet argent, mais ce n’est pas cher au sens rapport qualité/prix. Vous ne trouverez pas un hôtel en pension complète où l'on vous fait votre toilette et dans lequel vous êtes hébergé(e) pour ce prix là. Actuellement, on est proche des 65 personnes travaillant à temps plein pour s’occuper de 100 résidents, ce qui permet de mieux imaginer le coût que cela représente.
C’est bien le prix du logement dont on parle et pas le coût direct de la dépendance, même si bien évidemment c’est le fait d’être dépendant qui nous amène à déménager.
Qui paye ou qui doit payer ?
Il n’y a pas de réponse "scientifique", cela dépend du type de société qu'on désire. Chacun pour soi et dieu pour tous ou solidarité nationale ? Le choix des Français jusqu’alors est clairement le second puisque 80% des dépenses liées au grand âge sont prises en charge par les impôts et les taxes dont certains ne semblent toujours pas faire le lien.
Pour aider les familles il existe donc plusieurs solutions parmi lesquelles l’Allocation Personnalisée d’Autonomie, les allocations logements, le minimum vieillesse, et enfin l’aide sociale qui permet d’arriver à un solde de zéro dans certains cas. C’est parfois le parcours du combattant pour les obtenir et cela génère des inégalités.
Pour schématiser, en prenant les trois grands postes de dépenses : soins, dépendance, et hébergement, la sécurité sociale paye le soin, les collectivités locales une grosse partie du forfait dépendance via l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (reste 20%). Quant à l’hébergement, après les aides au logement, il reste en moyenne 50% à charge et c’est donc bien là que cela coince. Mais il faut savoir que le logement et le couvert restent à la charge des usagers même à l’hôpital, c’est ce qu'on appelle le forfait hospitalier. Si vous ne pouvez pas payer ces 50% restant, vous pouvez malgré tout faire une demande d’aide sociale, et c’est l’Etat (donc les taxes) qui paye. Dans ce cas, il faut montrer patte blanche, autrement dit : la famille doit justifier le fait qu'elle ne peut pas payer et qu'elle ne possède pas d’immobilier. Sinon, les sommes versées par la solidarité nationale sont récupérées sur la succession. Vous l’aurez compris il y a toujours quelqu’un qui paye et d’une manière ou d’une autre c’est vous...
En conclusion, quand on parle de coût de la dépendance, on parle en réalité du coût du logement. Le fait de mieux prendre en charge le "risque dépendance" n'impactera pas tant que cela la facture pour les usagers.