Canicule : des risques majeurs chez les seniors
Météo-France annonce une canicule particulièrement intense avec des chiffres de température atteignant 36 à 40°. Les canicules restent un phénomène grave pour les populations les plus fragiles comme les personnes âgées.
Au cours de la première quinzaine d'août 2003, la France métropolitaine a connu une vague de chaleur d'une intensité, d'une durée, et d'une étendue géographique exceptionnelles. Celle-ci a été à l'origine d’une très forte surmortalité. A l'époque, environ 15 000 décès supplémentaires ont été enregistrés par rapport à la mortalité habituelle de cette période de l'année. En 2003, personne n’était préparé à ce phénomène.
Une analyse des causes médicales des décès survenus a ensuite été présentée et, des recommandations très claires, ont été suivies d’effets à destination des personnes fragiles.
Effet de la canicule sur un organisme fragile
Parce que les mécanismes physiologiques d’adaptation diminuent avec l’âge, il y a une réduction :
- De la perception de la chaleur.
- Des capacités de transpiration.
- De la sensation de soif.
- De la capacité de vasodilatation du système capillaire périphérique limitant la possibilité d’augmentation du débit sudoral en réponse à la chaleur. Or en cas de vague de chaleur, c’est la sudation qui assure 75% de la thermolyse (c’est-à-dire l’évacuation de la chaleur).
A cela s’ajoutent des risques supplémentaires :
- Le très grand âge.
- La présence de maladies chroniques, cardio-vasculaires, diabète.
- La prise de nombreux médicaments, diurétiques, neuroleptiques, anti-inflammatoires.
- Les troubles de mémoire, voire la démence.
- L’isolement.
- L’habitat difficile à rafraîchir etc...
Agir et prévenir les risques
L’urgence, c’est la PRÉVENTION des complications. Quatre maîtres mots : rafraîchir, éventer, hydrater, nourrir dès que la grande chaleur est annoncée :
- Se couvrir légèrement.
- Fermer fenêtres et volets le jour.
- Aérer la nuit au mieux en faisant des courants d’air quand la température extérieure devient inférieure à la température intérieure.
- Se rafraîchir souvent, (douches, linge mouillé sur le corps).
- Se rendre 2 à 3 heures par jour dans des endroits climatisés ouverts au public (magasins, cinémas…).
- Ne pas sortir aux heures les plus chaudes.
- Eviter les activités physiques.
- Boire 1 à 1,5 litres d’eau sans aller au delà (hyponatrémie de dilution).
- Se nourrir normalement.
Une prévention pour éviter des complications graves
Dans la majorité des cas, la prévention permet d’éviter les urgences vitales que sont les coups de chaleurs et les déshydratations. Le coup de chaleur est une température à 40° et plus, rougeur, confusion, troubles neurologiques, état de choc… La déshydratation avec le risque d’hypotension avec choc.
Ce sont des urgences absolues.
Il s’y ajoute souvent la décompensation des maladies chroniques et le risque de perte définitive d’une autonomie précaire.
En cas d’isolement, il faut que la personne âgée :
- Donne des nouvelles à ses proches.
- Que les proches téléphonent tous les jours.
- A défaut, les gardiens, les voisins doivent contacter la personne isolée.
- Certaines municipalités font ce travail mais les personnes âgées ne veulent pas toujours se soignaler.
- Un service de soins au domicile est parfois indispensable.
Pour les personnes fragiles le plus souvent âgées, en institution, les protocoles sont bien établis :
- Nécessité d’une pièce climatisée ou rafraichie.
- Vigilance du personnel.
- Alimentation adaptée etc…….
Dans l’ensemble les recommandations sont efficaces mais avec quelques points noirs. Les directeurs d’établissement se plaignent d’un manque de personnel chronique et plus généralement d’un manque de moyens.
La canicule est toujours une agression physiologique sévère, grave parfois, mortelle chez les personnes porteuses de maladies chroniques et les personnes âgées fragiles. La caractéristique de la fragilité est de ne pas pouvoir répondre à un stress.
Des conséquences à long terme ?
La mortalité n‘est pas toujours immédiate, mais dans les suites, une personne fragile peut devenir dépendante et décompenser un certain nombre de maladies préexistantes. La personne entre dans une spirale d’aggravation qui peut se terminer par un décès.
Une prise de conscience de chacun d’entre nous doit quel que soit notre âge prendre en considération le risque des canicules et, une solidarité de voisinage, doit se développer pour aider les plus fragiles et les plus isolés.