Hypotension : quand la tension chute
L'hypotension correspond à une pression artérielle insuffisante, plusieurs causes peuvent l'expliquer. La prise en charge reste limitée, avec des mesures hygiéno-diététiques et parfois un médicament.
Qu'est-ce que l'hypotension ?
L'hypotension correspond à une chute brutale de la tension. Le débit sanguin vers les différentes parties du corps, dont le cerveau, diminue et explique les symptômes, une sensation d'étourdissement, de syncope ou de malaise, la vue qui se brouille, des battements de cœur qui s'accélèrent. Si elle ne provoque parfois aucun symptôme, elle peut être mal tolérée et faire courir le risque de chute, potentiellement grave, et elle empêche parfois le maintien à domicile ; elle a aussi un fort retentissement sur la qualité de vie. "Il faut consulter dès que l'on a des symptômes, en particulier chez les personnes âgées, en cas de diabète, de maladie de Parkinson, ou de prise de certains traitements, explique le Dr Benoit Le Rest, cardiologue.
La tension normale s'exprime par deux chiffres : le premier chiffre correspond à la pression maximale, quand le cœur se contracte pour envoyer le sang dans le corps et le second à la pression minimale, quand le cœur se relâche et se remplit à nouveau de sang. Elle est comprise entre 90/60 et 130/80. "L'hypotension correspond à des chiffres inférieurs à 90/60, précise le cardiologue. L'hypotension orthostatique est une chute de tension lorsqu'on se met debout, qui se définit plus précisément par une chute de 20 mm de Hg du premier chiffre de la tension et une baisse de 10 du second chiffre". Elle touche 7% de la population, en sachant qu'elle est plus fréquente chez les personnes âgées puisqu'elle concerne 16% des plus de 65 ans (source : Vidal).
Quelles causes ?
L'hypotension peut être favorisée par certains comportements, comme le fait de se mettre debout, elle peut survenir après les repas, elle est parfois en lien avec la prise de certains médicaments (hypertenseur, diurétiques, antidépresseurs, neuroleptique, médicaments comme la morphine...). Des causes variées l'expliquent : une déshydratation, un saignement important, une dénutrition, certaines affections comme le diabète, une maladie de Parkinson ou des reins, certaines maladies cardio-vasculaires ou encore les troubles de la thyroïde. La grossesse s'accompagne parfois d'hypotension ou celle-ci survient après les repas (c'est l'hypotension post-prandiale). Un choc est la manifestation la plus extrême en cas de perte de sang rapide et s'accompagne d'un mauvais fonctionnement des principaux organes, comme les reins.
Le diagnostic se fait par la mesure de la pression artérielle au repos. Elle se prend en position allongée puis 1 et 3 minutes après le passage en station debout pour l'hypotension orthostatique. "Une mesure normale n'exclut par le diagnostic, met en garde le Dr Le Rest. Il est parfois nécessaire de reproduire ces mesures à différents horaires et jours, notamment le matin où elle est souvent plus sévère". Certains examens plus poussés sont nécessaires en cas de diagnostic difficile, comme le tilt-test (le patient est allongé sur une table basculante, qui va reproduire les modifications du passage à la station debout), ou la mesure ambulatoire de la pression artérielle qui permettra d'affiner le diagnostic.
Comment améliorer l'hypotension ?
La prise en charge repose sur la prise en charge de l'affection en cause, l'adaptation du traitement si un médicament est en cause ou la correction d'une déshydratation. "On est assez limité dans la prise en charge, reconnait Benoit Le Rest. Les médicaments sont le premier pourvoyeur d'hypotension donc on fait le ménage quand on le peut dans les traitements prescrits mais ce n'est pas toujours possible. On évite les circonstances favorisantes en faisant attention quand on se lève et on porte des bas de contention." Ils servent en effet à stimuler le retour veineux et à améliorer la tension.
En cas d'hypotension orthostatique, certains "petits moyens" permettent de prévenir les symptômes. Outre un lever doux et progressif : augmenter la quantité d'eau, éviter la station debout prolongée, la consommation d'alcool, l'exposition à la chaleur. Il est aussi recommandé de surélever la tête du lit de 10 degrés, d'avoir une activité physique, d'utiliser des bas ou des chaussettes de contention et de choisir la position assise pour prendre sa douche et aux toilettes. Lorsque les symptômes d'hypotension apparaissent, quelques manœuvres permettent de les diminuer : l'interruption du lever, serrer de façon répétée une balle dans une main, agripper ses deux mains devant la poitrine et les écarter avec vigueur. D'autres manœuvres ont pour but d'augmenter le retour veineux, en croisant les pieds et en serrant les jambes l'une contre l'autre, en inclinant le buste en avant ou encore en s'accroupissant.
Si l'hypotension survient après les repas, on recommande de boire une grande quantité d'eau (400 ml) juste avant le repas, de diminuer l'apport en glucides et celui d'alcool, de se lever lentement après le repas.
Le traitement de l'hypotension reste problématique du fait d'une faible efficacité des médicaments. L'éducation thérapeutique, avec les mesures ci-dessus est donc primordiale. "En pratique courante, on ne prescrit un médicament, la midodrine, que si l'hypotension orthostatique persiste en dépit des mesures précédentes et qu'elle est mal tolérée", précise le médecin.
Sources : Vidal, Manuel Merck, Consensus d'experts, société française d'hypertension artérielle