Perdons-nous des neurones en vieillissant ?
J'ai des pertes de mémoire et des difficultés de concentration. J'ai 40 ans, dois-je m'inquiéter ? A-t-on vraiment de moins en moins de neurones avec l'âge ? Comment y remédier ?
Les réponses avec Catherine Vidal, neurobiologiste, et avec le Pr Johan Pallud, neurochirurgien :
"Concernant les pertes de mémoire, à partir d'un cas particulier, il est extrêmement difficile de pouvoir répondre plus amplement à cette question."
"Les pertes de mémoire peuvent être dues à la fatigue comme tout un chacun. Donc a priori non, il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Mais si cette personne est inquiète, elle peut consulter son médecin pour aller plus en détails sur le cas"
"Concernant l'évolution des neurones avec l'âge, nous avons fait des progrès spectaculaires dans l'exploration du cerveau. Et en ce qui concerne les neurones, les mécanismes fondamentaux qui règlent la vie et la mort des neurones, on a encore beaucoup d'interrogations. Mais avec l'âge, il n'y a pas vraiment de perte de neurones, mais les connexions entre les neurones sont moins efficaces. Il n'existe pas de règle biologique universelle qui ferait qu'à tel âge, à 40 ans, on a telle capacité de mémoire et tant de neurones, et à 60 ans, on en a 20% de moins. Cela ne se passe pas comme ça dans la réalité. Chaque personne a un cerveau qui lui est propre et chaque personne va avoir son propre rythme de vieillissement. Certains auront un vieillissement cognitif extrêmement tardif.
"Depuis maintenant une vingtaine d'années, on commence à avoir des connaissances de plus en plus amples sur la plasticité cérébrale. On sait désormais que rien n'est à jamais figé dans le cerveau, les connexions entre les neurones sont en remaniement en permanence en fonction des apprentissages, des expériences de vie, c'est-à-dire que c'est vraiment la structure intime du cerveau qui se modifie en fonction de l'expérience de tout un chacun et cela a tous les âges de la vie. Il n'y a pas de périodes où tout est fini et où il n'y a plus d'espoir. Notre plasticité cérébrale existe à tous les âges.
"On s'est beaucoup intéressé au fonctionnement des neurones dans cette plasticité cérébrale. Et maintenant on se rend compte que d'autres types de cellules appelées cellules gliales, qui sont des cellules nourricières du cerveau, participent aussi à la propagation de l'influx nerveux. Et ces cellules jouent également un rôle très important dans la plasticité cérébrale."