Menace nucléaire en Ukraine : pourquoi il ne faut pas se ruer sur l’iode
Après Tchernobyl, l'armée russe a pris le contrôle de Zaporijjia, la plus grande centrale nucléaire d'Europe. Mais le risque nucléaire ne justifie pas la prise en urgence de pastilles d’iodes. Explications.
Une centrale nucléaire de plus entre les mains des Russes. Dans la nuit du 3 au 4 mars 2022, l’armée russe a pris le contrôle de Zaporijjia, la plus grande centrale nucléaire d'Europe. Cette attaque a provoqué un incendie sur le site de la centrale, mais le feu a été maîtrisé par les secours ukrainiens.
Face au risque important d’accident nucléaire, les citoyens d’Europe pourraient être tentés de prendre des mesures préventives pour se protéger d’une éventuelle exposition à la radioactivité.
En Belgique par exemple, plus de 32 000 boîtes de pastilles d’iode ont été distribuées sur la seule journée du lundi 28 février. Mais est-ce vraiment utile ?
Comment marche l’iode stable ?
Pour comprendre cette “ruée vers l’iode”, il faut revenir à son fonctionnement sur le corps. L’iode stable peut être prescrit en cas “d’accident nucléaire”, comme l’explique le médecin Antoine Piau.
En effet, en cas d’exposition radioactive, l'iode radioactif, respiré ou avalé, se fixe sur la glande thyroïde, organe essentiel à la régulation hormonale. La prise de comprimés d'iode stable permet de saturer la glande thyroïde. Elle ne peut ainsi plus capter ou fixer l'iode radioactif.
Ainsi, ces pilules pourraient réduire le risque de cancer de la thyroïde après une exposition radioactive.
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Pourquoi ça ne sert à rien ?
Mais alors, faut-il ingérer des comprimés d’iode en prévention d’un accident nucléaire en Ukraine ? Et bien non, cela ne sert à rien.
“L’iode doit être prise environ deux heures avant l’accident”, précise le médecin, il est donc inutile d’en prendre maintenant alors qu’aucun accident nucléaire n’est à déplorer.
De plus, l’iode stable n’est efficace que pendant 24 h, il faut donc renouveler le traitement. C’est pourquoi elle ne doit être prise que sur recommandation des autorités compétentes.
Effets secondaires
La prise d’iode sans contrôle médical peut également provoquer des effets secondaires “thyroïdiens, cardiaques, et donc faire plus de mal que de bien”. Par ailleurs, cet iode stable ne protège pas des autres éléments radioactifs (comme le césium 134 ou le césium 137), potentiellement rejetés en cas d’accident nucléaire.
En France, pour l’instant, les comprimés d’iode ne sont réservés qu’aux personnes qui résident à moins de 20 km d’une centrale nucléaire.