Gilets jaunes : un blessé au visage témoigne
David, 31 ans, a été gravement blessé au cours de la mobilisation parisienne du 1e décembre par un tir de lanceur de balle de défense. Il ne peut toujours pas reprendre son travail ni s’alimenter normalement.
Samedi 1er décembre. Les gilets jaunes manifestent pour la troisième fois consécutive et à Paris ils sont plus de 10.000 dans les rues. Aux abords de l’Arc de Triomphe, la tension monte avec les forces de l’ordre. David et sa compagne décident de quitter la manifestation mais ils tombent nez à nez avec des CRS. Victime d’un tir de lanceur de balle de défense (LBD) dans le visage, le jeune homme raconte qu’il s’est effondré à terre.
David est transporté à l’hôpital où il est opéré deux jours plus tard. La balle du LBD 40 a emporté une partie de sa mâchoire. Un mois après sa sortie de l’hôpital, il est n’a toujours pas pu reprendre son travail de tailleur de pierres et ne peut pas s’alimenter normalement.
Selon le ministère de l’Intérieur, depuis le début du mouvement, un millier de forces de l’ordre et 2.000 manifestants ont été blessés. Il n’existe aucun chiffre officiel sur le nombre de victimes par tirs de LBD. Mais selon le collectif « Désarmons-les », ces armes ont fait une centaine de blessés graves, dont 15 ont perdu un œil.
Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), s’inquiète d’un phénomène qu’il qualifie de « catastrophique ». Il appelle les pouvoirs publics à prendre leurs responsabilités quant à l’utilisation de ces armes qui sont « très dangereuses, surtout quand elles sont utilisées au niveau du visage ».
La semaine dernière, le Défenseur des droits a réitéré sa demande au gouvernement d’interdire les LBD 40. De son côté, le ministère de l’Intérieur se défend. Il rappelle que face à une violence inégalée, les forces de l’ordre ont besoin d’outils comme celui-ci pour maintenir l’ordre public.