Généralistes : la consultation à 25 euros effective en 2018 ?
Les syndicats de médecins généralistes libéraux préviennent que les propositions de l'Assurance-maladie récapitulées dans un document transmis avant la séance de négociation de ce jeudi 7 juillet ne permettent toujours pas en l'état d'aboutir à un accord. La consultation à 25 euros ne serait effective qu'en 2018.
Une consultation chez le généraliste revalorisée à 25 euros… mais en 2018. Cette mesure a été soumise aux syndicats par l'Assurance-maladie dans un document avant la séance de négociation prévue ce jeudi 7 juillet 2016.
Son directeur général, Nicolas Revel, a expliqué dans une interview au journal Les Echos que l'augmentation se ferait en "deux étapes sécurité car cette seule mesure coûterait près de 450 millions d'euros".
Le budget global que l'Assurance maladie compte allouer aux généralistes s'élève à 750 millions d'euros en année pleine. "Un niveau d'engagement très important", souligne Nicolas Revel, mais qui "a évidemment vocation à s'inscrire dans le strict respect des économies, de plus de 3 milliards d'euros rien qu'en 2016". "C'est pourquoi nous serons amenés à échelonner les mesures sur les trois prochaines années".
Les propositions compatibles avec ce budget ne satisfont pas les cinq syndicats représentatifs de la profession (CSMF, FMF et SML pour les spécialistes et généralistes, MG France pour les généralistes et le Bloc pour les chirurgiens). Depuis fin février, ils négocient une nouvelle convention quinquennale avec l'Assurance-maladie, texte qui régit leurs relations avec cette dernière et fixe leurs honoraires.
Une revalorisation progressive de la consultation
L'Assurance-maladie propose d'augmenter la consultation d'un euro en avril 2017, puis encore d'un euro en avril 2018. Un calendrier "inacceptable" pour le principal syndicat de généralistes, MG France, qui "ne signera pas en l'état", prévient son président, Claude Leicher. "Le prix de la consultation est bloqué depuis 2011 !", rappelle-t-il.
"Mettre un euro sur la consultation maintenant et le 2ème en avril 2018, il fallait oser", s'est indigné Jean-Paul Hamon, le président de la FMF. "Nous proposer cela après quinze semaines de négociations, on est loin du compte", a renchéri le président du SML, Eric Henry.
Le président de la CSMF, principal syndicat (généralistes et spécialistes), qui avait décidé de quitter la table des négociations dans l'attente de propositions chiffrées, n'était pas joignable mercredi en fin de journée selon l'AFP. En revanche, celui de sa branche généraliste (Unof-CSMF), Luc Duquesnel, a qualifié d'"insignable" le projet.
Des médecins déçus
Reste à voir si l'Assurance-maladie bougera. "La négociation n'est pas terminée. Il y aura donc encore des évolutions, même si elles seront forcément limitées", a ainsi indiqué Nicolas Revel.
Au regard des revendications des syndicats, qui chiffrent à plus d'un milliard d'euros les besoins de la profession, l'enveloppe proposée par la Cnam semble maigre. "Mais l'impact total pour les médecins devrait aller au-delà et se situer autour de 1 milliard d'euros (890,5 millions, ndlr) si l'on ajoute la part des complémentaires", insiste-t-il. "C'est très important et même sans précédent".
Outre la consultation à 25 euros, le texte prévoit d'autres revalorisations. La consultation d'enfants de moins de 6 ans chez le généraliste, pourrait progressivement augmenter jusqu'à 30 euros d'ici à 2018 engendrant 17,9 millions d'euros de dépenses supplémentaires. Un tarif fixé à 46 euros pour les "consultations complexes" et à 60 euros pour "les très complexes", est également envisagé. Sa mise en place couterait, elle, 52 millions d'euros.
Quelque 10 millions d'euros seront également investis dans la lutte contre les déserts médicaux, avec une aide de 50.000 euros à destination des médecins s'installant dans les zones fragiles.
Autre poste de dépenses, les mesures relatives à la protection sociale des médecins (retraite...), évaluées à 61,4 millions d'euros.
Globalement, "nous sommes assez déçus", a déploré Claude Leicher, dont le syndicat est le plus à même, avec la CSMF, de signer une convention. Mais il reconnaît qu'"une grosse partie des mesures concerne les généralistes", preuve que "l'Assurance maladie a conscience que notre situation est prioritaire".
Syndicats et Assurance-maladie ont jusqu'au 26 août pour trouver un accord, sans quoi un règlement arbitral sera confié à une personnalité indépendante.