Sécu : un deuxième avis médical pour réaliser des économies ?
Selon certains économistes, un deuxième avis médical permettrait d'économiser entre 38 et 50 milliards d'euros par an.
Un deuxième avis médical consiste à consulter un second médecin pour avoir son opinion sur un diagnostic qui a déjà été posé, un traitement déjà prescrit... Or, il y a quelques jours, la Fondation Concorde, qui est un think-tank étiqueté libéral, a publié une étude pour démontrer que la généralisation de ce deuxième avis permettrait à la Sécurité sociale d'économiser entre 38 et 50 milliards d'euros par an. À première vue, cette idée semble être simple à mettre en œuvre et extrêmement rentable.
Des économies ? Pas si sûr...
Pour cette étude, la Fondation a pris d'un côté l'ensemble des dépenses de santé en France (consultations, examens, opérations, hospitalisations) et de l'autre, elle a retenu le constat officiel à savoir, un quart de ces actes (et donc un quart de ces dépenses) sont inutiles. Ensuite, c'est un peu comme s'ils avaient sorti une baguette magique pour dire que le deuxième avis permettrait de manière systématique d'éviter tous les actes inutiles. Et donc sa généralisation (pour les maladies graves) permettrait d'économiser un quart des dépenses de santé, soit 38 à 50 milliards d'euros.
Certes, parfois, le fait de s'adresser à un second spécialiste permet d'éviter une opération qui n'est pas jugée indispensable. Mais cela n'a rien de systématique. Un deuxième avis nécessite de faire des examens complémentaires, ce qui signifie donc des dépenses de santé en plus...
Un deuxième avis utile pour les pathologies lourdes
Si le calcul paraît donc un peu simpliste, le deuxième avis médical reste tout de même une piste intéressante. S'il n'est pas question de demander un deuxième avis pour une angine, dans certains cas, cela se justifie : pour les pathologies lourdes, rares, lorsqu'il existe plusieurs traitements possibles (ex : cancérologie), ou que les traitements sont susceptibles d'entraîner des effets secondaires importants. Ce deuxième avis ne permettra pas forcément à la Sécu de faire des économies à tous les coups mais il peut être utile pour le malade afin de mieux comprendre le traitement ou l'opération prescrit, d'être rassuré et donc de mieux y adhérer ou quand il existe plusieurs possibilités thérapeutiques, de choisir la plus adaptée. D'ailleurs dans certains pays, en Allemagne par exemple, un deuxième avis est obligatoire en cas de maladie grave.Toutefois, ce deuxième avis ne doit jamais retarder la mise en œuvre d'un traitement rapide.
Mieux vaut en parler à son médecin
Pour demander un deuxième avis, il est préférable d'en parler d'abord au médecin ou à l'équipe qui vous suit. Beaucoup de patients n'osent pas en parler car ils ont peur que le médecin le prenne mal. Pourtant, demander un deuxième avis ne signifie pas remettre en cause le diagnostic posé par le premier médecin ou ses compétences. Certains médecins sollicitent parfois eux-mêmes l'avis d'un confrère. Si tel n'est pas le cas, vous pouvez faire la démarche par vous-même. Elle n'est pas soumise à l'approbation du médecin ou de l'équipe qui vous suit.
Pour en faire la demande, vous devez récupérer votre dossier médical. Il faut faire la demande par courrier recommandé. Le médecin ou l'hôpital qui vous prend en charge est tenu de vous répondre sous huit jours maximum. Ensuite, libre à vous de choisir votre spécialiste.
Combien coûte un deuxième avis médical ?
Concernant le coût de cette démarche, il existe un tarif spécifique pour les consultations de deuxième avis chez un spécialiste : 48 euros ou 60 euros si vous vous adressez à un psychiatre, un neurologue ou un neuropsychiatre. Il s'agit de tarifs hors dépassements d'honoraires, or beaucoup de spécialistes pratiquent des dépassements.
Ces consultations sont prises en charge par la Sécurité sociale à hauteur de 70% (le reste par la mutuelle). Mais attention, pour bénéficier de ce remboursement, il faut repasser par votre médecin traitant, sinon il s'agit d'une consultation "hors parcours de soins" et vous risquez d'être pénalisé : le remboursement Sécu sera alors de 30% seulement et non 70%. Il convient donc de jouer la transparence vis-à-vis de votre médecin. Le deuxième avis est un droit. Et si vous avez un doute sur un diagnostic ou un traitement, il s'agit même d'une nécessité.