Les soins palliatifs mal organisés à l'hôpital
Créés en 2002, les "lits identifiés de soins palliatifs" permettent d'accompagner au mieux les patients hospitalisés dans des services non spécialisés. Mais selon une enquête récente, ce système est aujourd'hui défaillant.
Les lits identifiés de soins palliatifs (LISP) ont été mis en place il y a plus de dix ans, "pour optimiser une demande des patients, mais aussi pour engager une démarche palliative dans les services de spécialités". Il s’agit de lits situés dans des services de soins (médecine interne, oncologie, hématologie, EPHAD, etc.) souvent confrontés à des fins de vie, mais dont l’activité n’est pas exclusivement consacrée aux soins palliatifs.
Pour bénéficier de ce dispositif, les services hospitaliers doivent remplir un cahier des charges bien précis, avec notamment un plan de formation et l'organisation de réunions pluridisciplinaires. Ils doivent en outre permettre, si le patient le souhaite, l'intervention d'un psychologue, d'un assistant de service social, de bénévoles d'accompagnement et prévoir la possibilité de lits d'appoint pour la famille ou les proches.
Or, selon une étude récente menée par le Dr Edouard Ferrand, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital Foch (92), ces critères sont peu respectés. Sur les 321 services interrogés, seulement cinq respectent en partie les critères de LISP et un seul en totalité. "Un des problèmes majeurs soulevé par cette enquête est que l’identification des malades ne se fait pas à l’entrée, mais quand il est sorti, en fonction de ce qui aura été fait ou de son évolution. Or ce qui compte c’est de l’identifier le plus précocement possible", explique-t-il.
Autre problème majeur : les financements destinés à ce dispositif sont parfois utilisés à d'autres fins. Car ces lits identifiés de soins palliatifs sont très rentables : l'Assurance-maladie verse 1.000 euros supplémentaires à l'hôpital si un malade est hospitalisé dans un lit dédié. Les hôpitaux sont donc parfois tentés de les utiliser pour contribuer à combler leur déficit.
"Cet argent peut servir de variable d’ajustement et donc finalement le système en bénéficie, mais pas les malades", estime Dr Edouard Ferrand.
Mieux évaluer les critères et mieux contrôler les budgets des établissements pourraient permettre que les sommes destinées aux soins palliatifs ne soient pas utilisées à d’autres fins.