CHU de Grenoble : un webdoc édifiant sur la souffrance des soignants
Dans leur webdocumentaire « CHU de Grenoble, la fin de l'omerta », Caroline Chaumet et Bernard Nicolas ont donné la parole aux soignants en souffrance.
Soignants épuisés, patients en danger : le personnel du CHU de Grenoble n’a de cesse de manifester sa détresse depuis novembre 2017, date à laquelle un de ses chirurgiens s’est donné la mort dans un bloc opératoire, épuisé par des conditions de travail incompatibles avec l’exercice de la médecine. Cette situation est dépeinte dans le webdocumentaire « CHU de Grenoble, la fin de l’omerta ». Une des coréalisatrices, Caroline Chaumet a répondu à nos questions.
- Qu’est-ce qui est à l ‘origine de cette situation de révolte, d’épuisement, des personnels soignants ?
Caroline Chaumet, réalisatrice : Plusieurs choses. Tout d’abord, la loi Hôpital Patients Santé Territoire (HPST), qui a donné en 2009 tous pouvoirs aux établissement shospitaliers et à leur direction, qui prennent pour la grande majorité essentiellement de sdécisions de rentabilité et financières, souvent au détriment des soins et des soignants. Et pas seulement les médecins. Avec des problèmes de mutualisation des postes, des gens qui ne trouvent plus de sens dans leur travail, et une course au chiffre, avec – en plus – la tarification à l’activité (T2A).
- Suite à ces témoignages, est-ce que la direction du CHU de Grenoble a communiqué sur le sujet ?
Caroline Chaumet : Nous avons essayé de prendre contact avec eux à plusieurs reprises. Déjà pour avoir leur regard sur la situation. Malheureusement ils n’ont pas souhaité nous répondre.
- Ce documentaire à été financé par crowdfunding, les médecins ont participé pour moitié à ce financement – donc c’est un appel à financement citoyen… cela veut dire qu’aucune chaine de télévision n’a été intéressée par votre projet ? Ce n’est pas concernant comme sujet ?
Caroline Chaumet : Pour ne rien vous cachez, on pensait que l’on avait un boulevard, que c’était très concernant. Les diffuseurs que nous avons contacté n’ont pas souhaité répondre à notre proposition, disant qu’ils avaient déjà traité de nombreuses fois le problème du manque de temps et de moyens des aides soignants. Néanmoins, la maltraitance managériale, l’organisation du fonctionnement de la T2A, de la rentabilité à outrance, ça – avec une prise de parole de médecins – à ma connaissance, n’avait jamais été fait.
- Y-a-t-il eu des actions, au niveau de l’administration, depuis le moment où vous avez tourné le reportage ?
Caroline Chaumet : En ce qui concerne deux endocrino-pédiatres [en burn-out], il y a des mesures positives qui ont été prises, ou en tout cas qui sont annoncées – il va maintenant falloir voir si elles sont suivies d’effet. Il y a un interne qui doit arriver prochainement, un médecin endocrinologue qui doit arriver en novembre, et une puéricultrice complémentaire… Mais c’est un petit peu dommage qu’il faille attendre qu’il y ait deux pédiatres en burn-out – depuis le mois de décembre, et on est en avril – pour que de décisions soient prises.