Des sanctions pour les hôpitaux dans lesquels les internes travaillent trop
La ministre de la Santé a promis des sanctions pour les hôpitaux dans lesquels les internes dépassent 48 heures de travail hebdomadaire. Mais la mise en place de telles sanctions rend les syndicats dubitatifs.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a promis ce 15 décembre que les hôpitaux qui ne respectent pas la loi en matière de temps de travail des internes en médecine, en grève illimitée depuis le 10 décembre, pourraient être passibles de sanctions.
"Leur temps de travail n'est pas respecté, c'est contre la loi", a convenu la ministre, interrogée sur BFMTV, à deux jours d'une manifestation regroupant médecins, soignants et internes.
Plus de 48 heures par semaine
Selon la ministre, les internes "ne doivent pas travailler plus de 48 heures par semaine. Or, c'est parfois beaucoup plus ».
Julien Flouriot, président du syndicat des internes des hôpitaux de Paris (SIHP), confirme à Allodocteurs.fr que les internes travaillent beaucoup. « Certaines spécialisations comme la chirurgie vont avoir beaucoup d’heures, parfois deux gardes par semaine donc 48 heures, et en plus de ça ils font leur temps de service habituel. »
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Une promesse classique
« On a regardé attentivement cette interview, ce sont des promesses qu’on nous fait depuis un moment », soupire Julien Flouriot. Il concède que la ministre répond à une des motivations de la grève des internes, mais cette réponse lui paraît « insuffisante ».
« Ça fait des années qu’on en entend parler sans en voir la couleur », déplore-t-il. « Le temps de travail des internes est censé être déjà organisé par les commissions médicales d’établissement. »
Comment mettre en place des sanctions ?
La ministre a ainsi promis que les dépassements du temps de travail réglementaire seraient "rendus publics, dans tous les hôpitaux", qui "pourraient avoir des sanctions".
Pour établir des sanctions, il faudrait selon Julien Flouriot que tous les internes remplissent le tableau de service. Or, c’est rarement le cas. « En quatre ans d’internat, on ne m’a demandé de remplir ces tableaux qu’une fois pour vérifier que je ne prenais pas trop de congés », affirme-t-il.
Cet interne en psychiatrie regrette que les tableaux soient souvent remplis par les chefs de service à la place des internes.
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Une grève de près d’une semaine
Les internes sont appelés à la grève depuis le 10 décembre par l'Intersyndicale nationale des internes, principal syndicat (Isni). Ils dénoncent depuis plusieurs mois la "dégradation des soins" et le dépérissement de l'hôpital public, "lieu privilégié" de leur formation.
"La qualité et le temps de formation est en constante décadence", écrit l'Isni dans un communiqué transmis à l'AFP samedi. Pour lutter contre "les dérives de leur temps de travail", le syndicat réclame le décompte de leurs heures pour identifier les services avec les plus importants manquements.
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La contestation se poursuit
D'après Mme Buzyn, des discussions pourraient prochainement s'ouvrir pour "valoriser leur temps de travail additionnel" et "faire en sorte que la réglementation s'applique, c'est-à-dire qu'ils aient un repos compensatoire après une garde".
Après neuf mois de crise à l'hôpital public, les internes rejoindront ce 17 décembre les médecins et soignants mobilisés partout en France pour réclamer davantage de moyens et d'effectifs et "rester visibles", malgré les actions prévues le même jour contre la réforme des retraites.
Dans son communiqué, le syndicat appelle en outre à une manifestation nationale à Paris le lundi 20 janvier.