Guyane : l'hôpital au bord de l'asphyxie
La Guyane est paralysée depuis plusieurs jours par des mouvements sociaux. Les habitants réclament un plan d'investissement de grande ampleur pour faire face au manque d'équipements publics et à un taux de délinquance élevé. L'accès aux soins est compliqué et, dans les hôpitaux, les difficultés s'accumulent.
Défaillance du système de santé, manque chronique de moyens pour les hôpitaux, services d’urgences saturés… Les Guyanais dénoncent l’abandon de la métropole. En Guyane, il n’y a que 47 médecins généralistes pour 100.000 habitants, contre 106 en métropole. Conséquence directe de cette pénurie de médecins : les trois hôpitaux sont surchargés et les Urgences peinent à faire face à l’afflux de patients.
"L'offre de soins n’est probablement pas adapté à la demande. On n’a pas anticipé que la population doublerait tous les quinze ans. Et la gestion des flux migratoires est incontrôlable, donc on n’a pas du tout de prise sur les patients qui viennent du Brésil ou du Suriname. Ils traversent le fleuve comme ils veulent et sont pris en charge comme n’importe quel patient sur le territoire", explique le Pr Gérald Egman, chef des Urgences et du Samu à l’hôpital Andrée Rosemon à Cayenne.
Ces populations en situation irrégulière sont particulièrement vulnérables aux infections comme le VIH, Zika, le paludisme… Ces maladies nécessitent une prise en charge médicale importante.
A cet afflux de patients s’ajoutent les difficultés financières des trois hôpitaux guyanais. Le gouvernement a promis une enveloppe d’urgence de 60 millions d’euros pour celui de Cayenne, fortement endetté. Yves Baghooa, président de la conférence régionale de la santé et de l’autonomie, estime que les besoins en trésorerie sont très urgents : "Il y a la nécessité de payer les fournisseurs qui aujourd’hui refusent de livrer des marchandises, des médicaments, du matériel médical… Ça pose un vrai problème de fonctionnement. Les locaux sont d’une indignité totale. On a honte d’y aller, même si les personnels se donnent corps et âme."
Résultat de cette situation sanitaire difficile : l’espérance de vie en Guyane est inférieure de deux ans à celle de la métropole.