Les médecins continuent leur bras de fer
De nombreux médecins ont mené une semaine de grève (fermeture des cabinets, grève des gardes) entre le 23 et le 31 décembre, pour protester contre le projet de loi santé qui doit être débattu au printemps au Parlement. Contrairement aux urgentistes et aux patrons de cliniques privées, qui ont renoncé à leur mouvement après avoir "obtenu des avancées" du ministère de la Santé, les syndicats de médecins ont appelé à une nouvelle fermeture des cabinets ces 5 et 6 janvier. Les gynécologues adhérents au Syngof feront également grève ce lundi.
Durant les fêtes de fin d'année, il était difficile de distinguer les cabinets en grève de ceux fermés pour les vacances.
Les syndicats de médecins se sont targués d'une mobilisation massive, avec "jusqu'à 80% et 100% de débrayages" selon la CSMF. Mais l'Assurance maladie a publié ce 2 janvier 2015 des chiffres montrant une légère hausse du nombre de consultations des médecins libéraux par rapport à la même période de l'an dernier.
Une "manipulation", pour Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), qui estime que la ministre de la Santé mérite bien son nouveau surnom de "Marisol Toutbaigne", tant elle a "tenté de banaliser les conséquences de la colère des médecins".
Grève les 5 et 6 janvier
A l'issue de leur semaine de grève, plusieurs syndicats appellent à une nouvelle fermeture des cabinets, lundi 5 et mardi 6 janvier (Syndicat des Médecins Libéraux, SML, ainsi que des spécialistes). Le syndicat MG-France appelle à la grève pour le seul mardi.
Plusieurs syndicats appellent en outre à une grève administrative, visant notamment à remplacer une partie des télétransmissions de feuilles de soin (par la carte Vitale) par un retour au papier, afin d'engorger les services de l'Assurance maladie.
Hollande déclare "comprendre les inquiétudes"
Ce 5 janvier sur France Inter, François Hollande a déclaré "comprendre les inquiétudes des médecins" au sujet de la généralisation du tiers-payant, et concédé qu'il faudrait être "plus simples", "plus efficaces" dans le traitement des demandes de remboursement.
"Je comprends les médecins qui disent qu'il ne faut pas que ce soit compliqué. C'est toujours la même chose, il ne faut pas que ce soit compliqué et il ne faut pas qu'on soit remboursé à la Saint-Glinglin. Ils ont parfaitement raison, les médecins, il faut qu'on puisse être capables d'être beaucoup plus simples, beaucoup plus efficaces, mais c'est quand même une avancée", a déclaré le président de la République.
Selon un sondage de l'institut Ifop(1), publié dans le Journal du dimanche, 20% des personnes interrogées jugent la grève "tout à fait justifiée" et 38% "plutôt justifiée". Deux cinquièmes des sondés sont défavorables au mouvement, qu'il jugent soit "pas du tout justifié" (13%) soit "plutôt pas justifié" (29%).
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(1) Le sondage a été réalisé via un questionnaire en ligne du 30 décembre 2014 au 1er janvier 2015 auprès d'un échantillon représentatif de 1.005 personnes âgées de 18 ans et plus selon la méthode des quotas.
En savoir plus sur la grève des médecins :
Les médecins grévistes expliquent voir dans le projet de loi santé une mise sous tutelle des agences régionales de santé, un "démantèlement" de leur métier, et la généralisation du tiers payant. Ils réclament aussi des négociations tarifaires.