Les médecins en lutte contre le tiers payant généralisé : pourquoi ?
Le tiers payant généralisé doit être mis en place d'ici 2017. Cette promesse de campagne de François Hollande est aujourd'hui contestée par de nombreux médecins généralistes. Les syndicats parlent d'une grève très suivie, estimant à 70% en moyenne, le taux de cabinets fermés pour protester contre ce projet de loi.
Cette loi devrait permettre aux plus modestes de consulter un médecin sans avancer le paiement de la consultation. En 2008, un peu moins de 2 Français sur 10 avaient renoncé à des soins médicaux pour raison financière.
Mais pour les 95 % des médecins généralistes qui sont hostiles à ce projet, ce n'est pas une solution viable. Puisque les patients n'avancent plus le prix de la consultation, les médecins devront directement se faire rembourser auprès de l'Assurance maladie et des mutuelles. Une tâche supplémentaire difficilement compatible avec les 55 heures de travail par semaine effectuées en moyenne par les médecins.
Sur un plan financier, les médecins redoutent d'être lésés. Le risque porte sur des erreurs comptables, des retards de paiement ou encore de la fraude de la part des patients.
Pour Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français, "transformer la carte Vitale en carte de paiement, c'est déresponsabiliser le patient et c'est banaliser l'acte médical, qui deviendra un service et un dû avec le risque de surconsommation". En outre, il explique que "les plus pauvres bénéficient déjà d'une dispense d'avance de frais de consultations".
En plus de d'un retrait pur et simple du projet de loi de santé de Marisol Touraine, les généralistes demandent une revalorisation de consultation. Celle-ci passerait de à 23 au lieu de 25 euros.
Cette grève étant suivie par 70% des médecins selon le CSMF, la vigilance est renforcée dans les services d'urgence. Les agences régionales de santé peuvent réquisitionner Des grévistes pour assurer la continuité des soins promise par la ministre.
Pour l'heure, Marisol Touraine exclut de répondre aux médecins libéraux avant la rentrée. Quant au réexamen du texte, il a été reporté au mois d'avril.