Les primes versées aux médecins jugées satisfaisantes
Les incitations financières versées depuis cinq ans par la Sécurité sociale aux médecins libéraux sont jugées globalement positives. Des très bons résultats ont été observés en matière de prescription. En revanche, en ce qui concerne le dépistage et la prévention, des progrès restent à faire.
Versée depuis 2012 aux médecins libéraux en complément du paiement à l'acte en fonction de plusieurs indicateurs, la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) vise à améliorer la prise en charge des malades chroniques, les prescriptions, l'organisation du cabinet, ou encore à favoriser la prévention.
En 2016, les 90.710 médecins concernés ont touché "une rémunération moyenne complémentaire annuelle de 4.593 euros" contre 4.514 en 2015, soit une hausse de 1,8%, a déclaré l'Assurance maladie. Pour les médecins généralistes, principaux concernés, la prime atteint en moyenne 6.983 euros (+3,4% par rapport à 2015). "Au total l'ensemble de la Rosp représente une dépense brute de 416,6 millions d'euros en 2016 pour l'Assurance maladie" (contre 294,4 millions en 2012), souligne-t-elle.
70% des objectifs atteints pour les généralistes
"Entre 2012 et 2016, cet investissement a crû de 41,5%, à un rythme moyen annuel de 9,1%, en raison de l'évolution positive des résultats de la Rosp en matière de santé publique, d'efficience et de modernisation du cabinet". "Après cinq années de mise en œuvre, le bilan de la Rosp est globalement positif et témoigne de son intérêt comme levier d'évolution des pratiques des médecins libéraux", se félicite-t-elle.
Ainsi entre 2012 et 2016, le taux d'atteinte des objectifs (calculé en fonction de la rémunération potentielle maximale et celle versée) a évolué de 53% à 70,3% pour les généralistes. Cette progression aura toutefois évolué dans une moindre mesure entre 2015 et 2016 pour l'ensemble des médecins, observe-t-elle. L'amélioration est "particulièrement significative" ces dernières années en matière d'efficacité de prescription, notamment concernant les antibiotiques. Pour 100 patients âgés de 16 à 65 ans, la prescription d'antibiotiques a diminué de 7,1 points depuis 2011, révèle l'étude.
Points négatifs sur le dépistage et la vaccination
Néanmoins plusieurs points noirs subsistent. Le dispositif n'aura "pas réussi à inverser la tendance à la baisse des pratiques de dépistage et de vaccination qui connaissent depuis plusieurs années un contexte de défiance", déplore l'Assurance maladie.
Ainsi, la part des patients de 65 ans et plus vaccinés contre la grippe saisonnière a diminué de 5,1 points depuis 2011 avec une nouvelle réduction de 0,9 point en 2016. Dans le cadre de la nouvelle convention adoptée cet été par trois syndicats de médecins libéraux, un certain nombre d'indicateurs ont été revus, rappelle toutefois l'organisme. L'accent a notamment été mis sur la prévention avec un nouvel indicateur sur le dépistage du cancer colorectal et des conduites addictives (alcool, tabac). Les incitations à la lutte contre les effets indésirables provoqués par les médicaments chez les personnes âgées ont été également renforcées.
Possibilité de recruter une secrétaire
En revanche, les critères liés à l'organisation du cabinet ont été supprimés au profit d'un "forfait structure", permettant au médecin de recruter une secrétaire, dont le montant s'élèvera à environ 4.600 euros en 2019.
Enfin, la Rosp s'est étendue au suivi des enfants par les médecins traitants avec la prise en compte de la prévention contre l'obésité, le suivi bucco-dentaire ou encore la vaccination.
Les spécialistes souhaitent être davantage intégrés au dispositif
Dans un communiqué, la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux, a appelé l'Assurance maladie à étendre le dispositif "à tous les médecins quelle que soit leur spécialité". "Les spécialistes sont quasiment tous exclus de la Rosp et ne sont concernés que par le volet organisation du cabinet", a rappelé son président Jean-Paul Ortiz. La rémunération annuelle moyenne pour les spécialistes s'est élevée à 651 euros.
Le syndicat des jeunes généralistes et remplaçants ReAGJIR a également dénoncé "l'exclusion" des remplaçants qui pourtant "participent pleinement au bon fonctionnement de notre système de soins et permettent aux installés de bénéficier d’un relais de qualité pour leurs patients quand ils sont absents".