Migrants : "des atteintes sans précédents aux droits fondamentaux"
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a dénoncé mercredi 19 décembre une "dégradation", depuis trois ans, de la situation sanitaire et sociale des migrants vivant sur des campements en France.
Face à une politique de "non accueil", les migrants "se retrouvent dans un état de dénuement extrême, dépourvus de tout abri et ayant comme première préoccupation celle de subvenir à leurs besoins vitaux : boire, se nourrir, se laver", a déploré le Défenseur des droits Jacques Toubon dans un rapport sur quatre campements du territoire (Calais, Paris, Grande-Synthe et Ouistreham).
"Les difficultés à trouver des solutions durables aggravent le phénomène", estime-il, en déplorant des "stratégies de dissuasion et d'invisibilisation sur le territoire national menées par les pouvoirs publics".
Voir également : La santé des migrants, une jungle médicale
Une situation dégradée par rapport à 2015
En 2015 déjà, M. Toubon avait dénoncé dans un rapport sévère la situation des migrants dans le bidonville de la "Jungle" à Calais, qui comptait alors plus de 4.000 personnes, et a été démantelé depuis, de même que les grands campements parisiens.
Mais "la situation s'est en réalité nettement dégradée", note le Défenseur, qui pointe les opérations d'évacuation régulièrement menées par les pouvoirs publics. "Loin d’être conformes aux exigences du droit à un hébergement inconditionnel", ces mises à l'abri "contribuent à la constitution de nouveaux campements", assure-t-il dans ce document reprenant divers avis rendus depuis 2015.
Les méthodes policières en question
M. Toubon s'inquiète particulièrement des méthodes policières, avec des évacuations "pour empêcher tout nouveau point de fixation" et des contrôles d'identité "pour contrôler le droit au séjour". "Pour servir ces opérations, différentes pratiques ont pu être observées telles que l'usage de gaz lacrymogène", assure-t-il.
Faisant état d'"une détérioration sans précédent de la santé des exilés", avec un "développement inquiétant des troubles psychiques", il s'inquiète particulièrement pour les mineurs, "de plus en plus nombreux, de plus en plus jeunes et fragilisés", et "laissés à leur sort" en raison du caractère "largement inadapté et sous-dimensionné des dispositifs" existants.
Dans ce contexte M. Toubon souligne le rôle des collectivités locales "contraintes d'agir", et celui des associations qui "se substituent de plus en plus fréquemment aux pouvoirs publics" mais "sont de plus en plus empêchées d'agir".
avec AFP