Réforme du système de santé : Edouard Philippe annonce l’ouverture des travaux
Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé le lancement de cinq grands chantiers pour faire face à la crise du système de santé actuel.
"Globale, cohérente, méthodique". C’est en ces termes que le Premier ministre, Edouard Philippe, a qualifié la réforme de l'ensemble du système de santé qu'il prévoit. Le gouvernement "se donne trois mois pour y réfléchir intensément", a-t-il ajouté mardi 13 février lors d'un déplacement à Eaubonne (Val d'Oise). "Nous pourrions essayer de corriger deux ou trois choses ici ou là (...) Les Français ont conscience que le temps des rafistolages est révolu", a-t-il dit.
Une concertation "à plusieurs niveaux" se déroulera de mars à mai, à la fois "au niveau local" pour "recueillir l'avis des acteurs du terrain" et au niveau national, notamment par une consultation en ligne. Le gouvernement a d'ores et déjà identifié "cinq grands chantiers" pour sortir d'un système de santé "cloisonné" et fondé sur une tarification à l'acte qui pousse à la "course aux volumes", a indiqué M. Philippe.
Une enveloppe budgétaire de 100 millions d'euros par an
Qualité et pertinence des soins, modes des financements, numérique, formation et ressources humaines, organisation territoriale: le Premier ministre a fixé la liste des priorités de sa ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Pour conduire cette réforme d'ampleur, elle bénéficiera d'une enveloppe budgétaire de 100 millions d'euros par an, "en plus" du budget de l'Assurance maladie, ce qui "donnera un peu de marge pour accompagner les initiatives", a précisé M. Philippe.
Le gouvernement entend aussi revoir la formation des futurs médecins en lançant "une réflexion sans tabou" sur les études supérieures en santé et en particulier sur le "numerus clausus", qui fixe le quota d'étudiants admis en deuxième année, a aussi annoncé le Premier ministre.
La réforme du "numerus clausus" se fera "avec un esprit ouvert et sans idées préconçues", a affirmé le Premier ministre. Evoquant la formation des personnels de santé, il a exprimé le voeu de "conserver ce qui marche bien – on forme de très bons professionnels de santé en France - mais de corriger des dysfonctionnements dont on parle depuis trop longtemps", citant "en particulier celui de l'effroyable gâchis de la première année".
Vers la fin du numerus clausus ?
"On connaît tous des cas autour de nous d’étudiants, souvent méritants, qui après deux échecs, se retrouvent sans rien. Certains, en général les plus aisés, vont se former ailleurs en Europe. Pour les autres, la sanction est très brutale", a-t-il dit. Edouard Philippe a laissé ouvertes plusieurs options: une suppression du "numerus clausus", une augmentation du quota d'étudiants admis en deuxième année ou une modulation selon les universités.
Dans le même temps, une seconde réflexion sera engagée "sur l'avenir des épreuves classantes nationales qui précèdent l'internat" des étudiants et décident de leur spécialisation.
Ces travaux seront conduits par les ministres de la Santé, Agnès Buzyn, et de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, et "devront aboutir à des mesures législatives dès le début de l'année 2019", a ajouté M. Philippe.