Un court-métrage choc pour lutter contre l'alcool au volant
Moins de violence, plus d'émotion : pour continuer à toucher un public saturé d'images choc, la prévention routière fait appel à des cinéastes qui préfèrent raconter les vies brisées plutôt que de choquer en montrant les accidents.
Après Guillaume Canet, Rémi Bezançon, Mathieu Amalric ou Erick Zonca, Eric Toledano et Olivier Nakache sont les derniers à s'être prêtés à l'exercice avec un court métrage intitulé Le Bon Vivant, sorti ce mercredi 20 mai, et réalisé pour l'association Ferdinand - créée par l'acteur et réalisateur Patrick Chesnais suite à la mort de son fils dans un accident - avec la Fondation Vinci Autoroutes.
Aucune image d'accident dans le court-métrage
Les réalisateurs d'Intouchables y montrent Lucas, meneur d'une bande de potes avec qui il se déguise à la fac, s'incruste en soirée, rencontre des filles, et qui "adore la vie". "J'aurais juste aimé qu'elle dure plus longtemps", précise-t-il alors que son visage s'efface sous un drap de morgue.
Dans ce film, comme dans les autres, aucune image d'accident. Quasiment pas de voitures. Les cinéastes racontent la vie heureuse qu'un accident peut briser, les relations difficiles d'un couple après l'accident, le quotidien qui doit continuer en l'absence d'un conjoint tué sur la route ou avec le poids de la responsabilité d'un accident mortel.
"On a voulu créer un choc mais en le déplaçant : célébrer la vie normale de gamins de 20 ans insouciants mais qui peut, sur un moment, avoir une fin plus trash, qui contraste avec la légèreté ambiante", explique Eric Toledano.
Mortalité routière en hausse
Les images choc d'accidents ont longtemps été un ressort pour la prévention routière, avec une efficacité reconnue. Mais aujourd'hui, "les jeunes vivent dans une société d'images, ils en ont tout le temps, partout", explique Patrick Chesnais.
"Ils voient des choses mille fois plus trash, ce n'est pas un choc monumental pour eux de voir un accident", souligne Toledano. "Avec cette génération en surplus d'images, on se dit qu'on est peut-être plus fort dans la suggestion que dans la démonstration", complète Olivier Nakache.
La notoriété des deux cinéastes assure également un meilleur écho dans les plus de 700 salles de cinéma où ces petits films sont diffusés, à la télévision et sur Internet pour un sujet plus que jamais d'actualité avec une mortalité routière repartie à la hausse en 2014 (3.388 morts, +3,7%) et début 2015. Face à ces mauvais chiffres, la Sécurité routière s'interroge toutefois sur l'opportunité d'un retour à quelques campagnes "choc" pour réveiller les automobilistes.
Patrick Chesnais veut, lui, continuer à renouveler le genre avec des "petites oeuvres cinématographiques".