Infirmières : "le coup de grâce" de Marisol Touraine
Le ministère de la Santé vient d'annoncer le montant de la revalorisation de la prime de nuit pour les infirmières : 1,50 euro pour dix heures de travail... La Coordination nationale infirmière dénonce "une provocation insupportable". Trois questions à Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI).
- Que pensez-vous de la revalorisation de la prime de nuit annoncée par le ministère de la Santé ?
Nathalie Depoire : "La prime de nuit remontait à 2001. Nous avons demandé une augmentation à hauteur de deux points d'indice, à savoir 4,68 euros de l'heure. Aujourd'hui, ce qui est proposé par le ministère est une augmentation qui va nous conduire à une quarantaine d'euros supplémentaires par mois, ce qui est insignifiant au regard par exemple de la majoration de nuit demandée par les nounous qui gardent nos enfants !
"Ce que nous demandons, c'est un peu de décence pour que nous puissions rémunérer les nounous qui gardent nos enfants quand on va travailler."
- A qui s'appliquera cette revalorisation ?
Nathalie Depoire : "C’est la cerise sur le gâteau ! Cette prime ne s'appliquera qu'aux infirmières qui font des horaires en alternance en service d'urgences ou de réanimation et soins intensifs. Or en service de médecine, il y a parfois une seule infirmière pour plus de 30 lits, voire sur les EPHAD, une infirmière pour pratiquement 90 lits pour toute la nuit. La nuit, nous avons des soins, des changes, des injections et il n'y a pratiquement plus de pause...
"On ne demande pas l’aumône, on attend un peu de respect et de décence et là c'est plus de l'ordre d'une provocation insupportable."
- Le ministère a également annoncé une enveloppe de 30 millions d'euros pour prévenir les risques psycho-sociaux. Que pensez-vous de cette mesure ?
Nathalie Depoire : "C'est complètement insuffisant ! 30 millions d'euros, déjà ça ne fait pas suffisamment pour affecter des psychologues sur tous les services de santé au travail alors que les besoins sont énormes et en plus, c'est échelonné sur trois ans...
"C'est un saupoudrage et surtout on ne travaille pas sur la cause. Vouloir prendre en charge les soignants en détresse, en situation d'épuisement professionnel, c'est bien, mais si on travaillait sur la cause, ce serait plus efficace ! Ce sont avant tout des revendications pour pouvoir prendre en charge correctement les patients. C'est ça qui est le plus important."