Attaque chimique en Syrie : « Un camp de concentration à ciel ouvert »
Un nouveau bombardement chimique à Douma, dans la banlieue de Damas, aurait fait une cinquantaine de morts et un millier de blessés samedi 7 avril.
Au moins 40 civils auraient été tués samedi dans des raids du régime syrien sur la ville de Douma, ultime poche rebelle dans la Ghouta orientale. Selon les ONG, les rescapés présentaient des symptômes d’exposition à un agent chimique.
Le Docteur Alaa Abdelwahab, membre de l’Union des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM), une ONG qui intervient en Syrie, répond à nos questions.
- C’est une attaque très violente qui ne laisse aucune chance aux victimes ?
Dr Alaa Abdelwahab, UOSSM : « Les victimes ont été retrouvées dans leurs refuges, dans des caves, comme foudroyées. Les blessés présentaient des symptômes de détresse respiratoire aigue avec des œdèmes pulmonaires et des troubles neurologiques importants.
Il est évident que le gaz de chlore a été utilisé pour ces attaques. Mais c’est difficile de dire si c’est le seul produit utilisé. Il est très probable qu’il y ait eu un gaz neurotoxique en association pour augmenter le pouvoir létal du gaz chlore et aussi pour masquer sa détection. »
- Comment ces victimes sont-elles prises en charge ?
Dr Alaa Abdelwahab : « C’est rudimentaire. Il n’y a plus grand chose. Le dernier hôpital qui avait encore un peu d’équipements, l’hôpital spécialisé de Douma, a été mis hors service par des bombardements aériens. Donc maintenant on fait avec les moyens du bord, les gens qui sont là et qui ont un peu l’habitude, les anciens soignants, les casques blancs… au niveau médical, il n’y a plus grand chose à Douma. »
- Quel est l’impact psychologique de ces attaques chimiques sur la population ?
Dr Alaa Abdelwahab : « C’est le but premier d’un bombardement chimique. On peut tuer plus facilement et plus massivement avec des bombardements classiques mais les attaques chimiques permettent de répandre la terreur auprès des populations. C’est pour leur montrer comment ils peuvent mourir en suffocant et comment leurs voisins sont morts. C’est pour les pousser à partir. Il y a d’énormes transferts de population dans la Ghouta. Tout cela donne des éléments pour ce que l’on peut qualifier vraiment de crime contre l’humanité. »
- Une réunion en urgence du Conseil de sécurité de l’ONU est prévue ce soir. Qu’en attendez-vous ?
Dr Alaa Abdelwahab : « Nous attendons qu’il n’y ait pas d’impunité. Nous voulons que les enquêtes internationales soient menées jusqu’au bout pour pouvoir identifier les responsables et les punir. C’est la moindre des choses que l’on peut donner à ces victimes, leur rendre un peu justice. La Ghouta orientale est devenue un grand camp de concentration à ciel ouvert. »