L’Aquarius bloqué en Méditerranée avec plus de 600 personnes à bord
Le navire de sauvetage, qui a mené plusieurs opérations ce week-end, n’a le doit d’accoster ni en Italie, ni à Malte. Fabienne Lasalle, directrice adjointe de SOS Méditerranée, lance un cri d’alarme.
C’est une première dans l’histoire du navire de sauvetage l’Aquarius : faute de coopération de la part de l’Italie et de l’île de Malte, il se retrouve bloqué en pleine mer. A bord, 629 migrants, dont 23 mineurs, 11 bébés et 7 femmes enceintes. Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés estime que ces personnes doivent être débarquées de toute urgence, et le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé que son pays était prêt à les accueillir. Mais rien n’est acté pour l’instant. Fabienne Lasalle, directrice adjointe de SOS Méditerranée, éclaircit la situation.
- Que sait-on de l’état de ces migrants ?
Fabienne Lasalle : Ce week-end, il y a eu deux sauvetages de deux embarcations à la dérive en pleine nuit, dont une qui s’est cassée. Il y avait dix personnes à l’eau, et l’une d’entre elles a été repêchée. Elle se noyait, il a fallu la réanimer. Ces personnes sont dans une situation extrêmement précaire. Ils ont de nombreuses brulures, puisqu’ils baignaient dans un mélange de fuel et d’eau salée. Il y a des cas d’hypothermie. Ils sont frigorifiés, déshydratés… Nous avons absolument besoin d’un port pour les débarquer. Nous ne pouvons plus tenir, nous avons l’équivalent d’une journée de vivres. D’autant que nous sommes en surcapacité : le navire peut accueillir 500 personnes, et nous en sommes à 629.
- Est-ce que des médecins sont à bord ?
Fabienne Lasalle : Nous avons une équipe de Médecins sans frontières : des médecins, des infirmiers, et même une sage-femme. Ils peuvent parer au plus urgent, mais si la situation venait à se détériorer, ils pourraient difficilement y faire face. Il est nécessaire de rappeler que le droit maritime impose de porter secours dans tous les océans et dans toutes les mers, et il impose, une fois le sauvetage effectué, de conduire les personnes dans un port sûr. C’est ce que nous attendons.
- Comment se passent ces missions de sauvetage ?
Fabienne Lasalle : Elles sont de plus en plus compliquées, et nous venons de franchir une nouvelle étape. Depuis des mois, on cherche à stopper notre action. Nous étions d’ailleurs, ce week-end, le seul navire de sauvetage humanitaire dans la zone.