Médecins sans frontières interrompt ses activités au Yémen après un raid aérien
Médecins sans frontières (MSF) a dénoncé un raid aérien ce 11 juin au Yémen contre un nouveau centre de traitement du choléra à Abs, au nord-ouest de la capitale Sanaa. L’ONG annonce y avoir "gelé temporairement" ses activités.
"L'attaque ce matin sur un centre de traitement (de patients) du choléra par la coalition menée par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis démontre un mépris total pour les structures médicales et les malades", a écrit dans un tweet le chef de la mission de MSF au Yémen, Joao Martins. "MSF a temporairement suspendu ses activités à Abs jusqu'à ce que soit garantie la sécurité de son personnel et des patients", a ajouté le responsable de l'organisation humanitaire en publiant une photo d'un bâtiment dévasté.
Ce nouveau centre de traitement du choléra venait d'être construit, et était vide au moment de l'attaque qui n'a fait aucune victime, a précisé MSF dans un communiqué. Des inscriptions sur le toit identifiaient clairement le bâtiment comme un centre médical, qui a été mis hors d'état de fonctionner, a ajouté l'organisation.
MSF indique sur son site internet avoir commencé à soutenir en juillet 2015 l'hôpital rural d'Abs qui est situé à un kilomètre du centre de traitement du choléra touché ce 11 juin.
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D’autres attaques ont déjà visé MSF au Yémen
Le 15 août 2016, une attaque aérienne avait détruit une partie de l'hôpital d'Abs, blessant 24 personnes et en tuant 19 autres, dont un membre du personnel de MSF. Peu de temps après, MSF avait suspendu ses activités dans plusieurs établissements du nord du Yémen.
En novembre dernier, l'organisation avait décidé d’apporter à nouveau son soutien à l'hôpital après sa reconstruction. Environ 200 travailleurs nationaux et une douzaine de professionnels internationaux travaillaient depuis dans le centre. La coalition avait reconnu en décembre 2016 avoir visé "par erreur" un hôpital soutenu par MSF au Yémen.
La suspension des activités médicales de MSF survient quatre jours après que le Comité international de la Croix-Rouge a annoncé avoir transféré hors du Yémen 71 de ses collaborateurs pour des raisons de sécurité.
Un conflit meutrier
Le conflit a fait près de 10.000 tués et plus de 55.000 blessés, selon l'Organisation mondiale de la santé. Plus de 2.200 autres personnes sont mortes du choléra et certaines régions du Yémen sont au bord de la famine.
L'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d'autres pays alliés à Ryad sont intervenus pour rétablir le gouvernement internationalement reconnu, chassé par les Houthis de la capitale Sanaa et de vastes régions du nord et de l'ouest. La région d'Abs est contrôlée par les rebelles yéménites Houthis. Ryad accuse Téhéran de soutenir militairement les Houthis, ce que dément l'Iran, puissance régionale rivale de l'Arabie saoudite.
avec AFP