Une crise sanitaire sans précédent à Mayotte, alerte Médecins du monde
Dans un communiqué diffusé le 20 mai, Médecins du monde a réclamé le "rétablissement de l'Etat de droit" à Mayotte, où des "chasses à l'homme" ont été organisées par des collectifs villageois contre des étrangers, et a demandé "une réunion de crise".
Médecins du monde (MDM), présent dans ce département d’outre-mer français depuis 2009, se dit "confronté à une crise sanitaire sans précédent", depuis que des collectifs villageois organisent depuis janvier "des expulsions visant les étrangers, quelle que soit leur situation administrative sans que les pouvoirs publics n’interviennent".
"Ces « chasses à l’homme » se sont intensifiées ces dernières semaines", et de nombreuses habitations ont été détruites ou brûlées, rappelle l'organisation humanitaire. Conséquence, environ 500 personnes se sont regroupées ce 17 mai sur la Place de La République à Mamoudzou, "dont beaucoup ont fui suite à des contrôles de police mercredi matin".
Selon MDM, "près de 250 personnes" étaient encore sur place ce 20 mai, dont une majorité de femmes et d'enfants, qui "survivent dans des conditions sanitaires désastreuses, n'ayant accès ni à des douches ni à des toilettes, dormant à même le sol sans couverture et avec un accès restreint à la nourriture".
L'ONG, qui réclame "une réunion de crise dans les meilleurs délais", demande aux autorités "de rétablir l’Etat de droit et de mettre fin à ces expulsions violentes", "d’assurer la sécurité des personnes regroupées dans le centre-ville de Mamoudzou", "de mettre en place une veille sanitaire et un dispositif d'accès aux soins adapté" et "d’organiser une mise à l'abri".
Selon l'association de défense des étrangers, la Cimade, plus d'un millier d’étrangers, pour la plupart des Comoriens en situation régulière ou non, ont été expulsés depuis janvier de leur domicile par des collectifs d’habitants de diverses communes de Mayotte, qui les accusent de "vols, agressions et meurtres".
Lors du Conseil des ministres du 18 mai, François Hollande a jugé cette situation "extrêmement préoccupante".