Urgences : "S'il n'y a pas de recrutement rapidement, on va droit dans le mur"
Alors que le projet de loi santé est présenté aujourd'hui devant le Sénat, les syndicats des urgentistes manifestaient devant le Ministère de la santé ce matin. Les explications de Yann Flécher, CGT, infirmier à l’hôpital Lariboisière.
- Que pensez-vous des propositions de la ministre de la Santé ?
Yann Flécher, infirmier : " Les propositions faites par la ministre de la santé, ce n’est qu’un début. Nous demandons une prime de 300 euros de plus aux urgences. Les salaires des personnels hospitaliers, comme ceux des fonctionnaires, sont gelés depuis plusieurs années. Il faut aujourd’hui ouvrir les vannes, ça suffit ! La première reconnaissance, c’est le salaire. On en arrive à ne plus pouvoir recruter d’infirmières dans nos hôpitaux, il manque 400 infirmiers, et ce n’est pas moi qui le dit, mais Mr Sylvain Ducroz, le directeur des ressources humaines de l’ApHp. Donc donnons des moyens d’attactivité et le premier moyen d’attractivité, c’est un salaire qui reconnaît nos compétences et nos missions quotidiennes de service public auprès de la population. "
- Que pensez-vous du lancement de la mission nationale de concertation qui doit rendre un rapport fin 2019 ?
Yann Flécher, infirmier : " On n’a pas besoin de mission pour savoir que ça ne va plus, la fréquentation des urgences a plus que doublé, nous sommes au même effectif. Des moyens ont été alloués cet hiver, suite au décès qui a eu lieu malheureusement, mais c’est insuffisant. Le constat est fait. "
On doit faire aussi le constat de la médecine de ville, il y a 10 000 médecins de moins qu’il y a 10 ans, on ne peut plus continuer comme çà. Les lits d’hospitalisation sont insuffisants, les médecins sont insuffisants. Ce sont bien des Etats généraux de la santé publique en France qu’il faut organiser, et en particulier de l’hôpital public.
- Quelle est la situation actuelle aux urgences de Lariboisière ?
Yann Flécher, infirmier : " A l’hôpital Lariboisière, des collègues ont été mis en arrêt maladie pour 2 jours par leur médecin traitant, certains sont toujours arrêtés, en burn out. Les collègues sont toujours en colère, toujours en grève.
La direction nous a donné comme seule réponse des visites de contrôle pour vérifier ces arrêts maladie. Nous prenons cette réaction comme du mépris. Nous ne sentons pas soutenus, nous appelons notre direction à se mouiller. Il faut arrêter ses plans d’économie successifs, et nous demandons un moratoire sur ses plans d’économies qui entravent le fonctionnement et l’évolution de l’hôpital.
Nous n’avons plus à faire à des directeurs issus du rang, ce sont aujourd’hui des technocrates. Ce sont des choix économiques qui ne sont plus en lien avec l’humain que nous devons traiter aujourd’hui."
- Quelles actions concrètes proposez-vous ?
Yann Flécher, infirmier : " Il faut remettre du personnel dans les services et rouvrir des lits d’hospitalisation. Sinon on va vers une catastrophe cet été. On ne peut pas rater une possible nouvelle canicule. Si le personnel n’est pas recruté en nombre, on va droit dans le mur."