Vaccins contre la grippe A : la gabegie
8,82 millions de vaccins pour 5,36 personnes vaccinées contre la grippe A/H1N1, ça ressemble un peu à du gaspillage. En cause, selon un rapport parlementaire, l’organisation rigide de la campagne de vaccination.
Trois millions de doses de vaccins ont été perdues lors de la campagne de vaccination contre la grippe A l’hiver dernier. C’est le principal constat du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le sujet qui a été publié le 6 juillet dernier sur le site de l'Assemblée nationale
5,36 millions de personnes avaient été vaccinées au 1er juin 2010 contre la grippe A/H1N1, soit un peu plus de 8 % de la population. Un taux déjà faible au regard des moyens mis en œuvre par le gouvernement, mais qui prend une toute autre ampleur lorsqu’on sait que 3,46 millions de doses ont été gâchées lors de la campagne de vaccination.
Les résultats de la campagne de vaccination, dont l'organisation est jugée "trop rigide", sont "décevants, comme dans la plupart des autres pays", note le rapport de commission d'enquête présidée par Jean-Christophe Lagarde (député Nouveau Centre).
"Près de 3,46 millions de doses de vaccins auront été finalement jetées ou mises au rebut (…). Soit une quantité particulièrement importante, surtout au regard du nombre de personnes finalement vaccinées, puisque le nombre de doses ainsi perdues représente plus de la moitié du nombre des personnes vaccinées : 64,5 %" explique le rapport.
La grande majorité des doses vaccinales perdue l’a été soit en raison de la rupture de la chaine du froid, soit à cause du conditionnement en flacon de 10 doses. Ces flacons multidoses, valable 24 heures après ouverture, avaient déjà suscité la polémique puisque leur utilisation n’avait de sens que pour une forte affluence dans les centres de vaccination, ce qui n’a pas eu lieu.
Autre problème de taille pointé du doigt : la durée de validité des vaccins. Selon l'Établissement Public de réponse aux URgences Sanitaires (EPURS), 12 millions de doses de vaccins avaient une durée de péremption qui se situait entre juillet et octobre 2010. C’est-à-dire avant même que la campagne de vaccination ne commence vraiment…
La commission d’enquête parlementaire pointe du doigt une organisation trop rigide de la campagne de vaccination et recommande à l’avenir de davantage faire appel à la médecine de ville (à l'inverse de ce qui a été fait par Roselyne Bachelot) et de négocier au niveau européen l’achat de vaccins (voir les 42 propositions de la commission).