Que faire contre la pénurie de médicaments ?
Chaque jour, 5% des médicaments sont en rupture de stock. Il est de plus en plus fréquent que des traitements, même essentiels, manquent dans les rayons des pharmacies. Depuis 2008, le nombre de médicaments manquants a été multiplié par dix.
Quitter une pharmacie sans son médicament est de plus en plus courant en France. Chaque mois, environ 170 médicaments sont en rupture de stock dans les officines. Pour faire face à ce problème, les pharmacies s'organisent, notamment avec la mise en place d'outils leur permettant de mieux gérer leurs rayons et d'alerter les laboratoires en cas de rupture.
Un logiciel pour signaler les médicaments indisponibles
L'Ordre des pharmaciens a mis en place une plateforme d'alerte, baptisé DP Rupture. Grâce à ce logiciel, les médicaments indisponibles depuis plus de trois jours sont automatiquement signalés à l’industriel qui se doit de fournir au pharmacien une réponse détaillée.
"Avec ce logiciel, on peut savoir si la rupture est en cours de traitement, avoir un numéro de téléphone pour le trouver en cas d'urgence et parfois une date probable de livraison. Avant, on devait appeler le grossiste qui nous répondait qu'il n'avait pas de date à nous communiquer", commente Isabelle Colin, pharmacienne.
Un enjeu de taille pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur
AUjourd'hui, 3.000 officines, sur les 22.000 que compte la France, ont déjà adopté ce logiciel. DP Ruptures est également déployé chez près de 80% des laboratoires pharmaceutiques. Mieux anticiper les ruptures de stock est l'objectif de la nouvelle loi de santé. L'enjeu est de taille pour les médicaments dits "d'intérêt thérapeutique majeur" car s'ils viennent à manquer, le pronostic vital du patient peut être engagé.
"Ces médicaments d'intérêt thérapeutique majeur vont maintenant être très protégés. Les industriels auront l'obligation de faire un plan de gestion de pénurie, c'est-à-dire de prévoir et d'anticiper. Par exemple, s'il n'y a qu'une usine dans le monde, il faudra peut-être qu'ils en aient deux ou qu'ils augmentent leurs stocks. De plus, les grossistes répartiteurs n'auront pas le droit de faire l'exportation de ces médicaments s'ils sont en rupture de stock", explique Isabelle Adenot, présidente du Conseil national de l'Ordre des paharmaciens.
Si ces outils ne résolvent pas entièrement les ruptures de stock, ils permettront peut-être de réduire la durée moyenne d’indisponibilité d'un médicament qui est aujourd'hui de 53 jours.