À Bordeaux, un chirurgien a retiré une tumeur d'un patient vivant... en Chine
Cette prouesse médicale ouvre la voie à une généralisation des chirurgies dites "transcontinentales" grâce à la robotique et à la téléchirurgie.
Une opération chirurgicale d'une rare minutie... à plus de 8 000 km de distance. Le 11 septembre 2024, le patient d'un hôpital chinois s'est fait opérer d'une tumeur au rein par un chirurgien intervenant depuis Bordeaux. Cette prouesse médicale, inédite à une telle distance et à une telle précision, a été réalisée dans le cadre d'un congrès de la Société européenne d'urologie.
Deux opérations ont été menées conjointement par la section de l'association spécialisée dans la robotique durant ce congrès. Le Dr Alberto Breda, président de la Société européenne d’urologie, a tout d'abord opéré un patient de 37 ans grâce à des robots situés dans la salle d'opération d'un hôpital de Pékin. L'urologue a retiré une tumeur de 3,5 cm du rein de son patient, qui continuait d'être supervisé par une équipe de médecins sur place, pour pallier les potentiels problèmes de connexions d'une telle opération. La chirurgie, diffusée en direct au Palais des Congrès de Bordeaux, a été un succès et le patient a pu sortir de l'hôpital à peine trois jours plus tard.
"Un délai de 130 millisecondes"
La seconde opération a été menée durant plus d'une heure par un urologue français, le Dr Richard Gaston. Ce dernier a opéré un patient chinois âgé de 51 ans, lui aussi hospitalisé à Pékin, pour un cancer de la prostate. "Les mouvements de la main du chirurgien sont reproduits par des instruments qui sont à l’intérieur d’un patient qui, dans ce cas, était à Pékin", a expliqué le Dr Richard Gaston, interrogé par BFM TV. "Entre les mouvements du chirurgien et les mouvements de l'instrument à l’intérieur du patient, il y a simplement un délai de 130 millisecondes, ce qui est pratiquement non perceptible à l’œil nu."
Cette prouesse majeure pourrait permettre à l'avenir à des spécialistes de venir en aide à des collègues moins expérimentés à travers le globe ou d'intervenir dans des hôpitaux isolés ou modestes. "La téléchirurgie a le potentiel d’égaliser les disparités géographiques en matière de soins de santé", s'est réjouit le Pr Vipul Patel, urologue, dans un communiqué à l'issue du congrès. À condition de bénéficier des technologies et du réseau suffisants pour réduire au maximum le délai de latence entre le spécialiste et les robots chirurgicaux à l'autre bout du monde.