À vos livres ! Les conseils lecture de Gérard Collard du 11 avril 2024
Chaque vendredi, le libraire partage ses coups de coeur lecture. Aujourd'hui : Cézembre, Dictionnaire amoureux de la traduction et Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette à Montmartre.
Cézembre
Hélène Gestern
Ed. Grasset, mars 2024
Après son divorce et la mort de son père, Yann de Kérambrun décide de quitter son poste de professeur d’histoire à Paris pour retourner à Saint-Malo, où il a passé les étés de son enfance. Épuisé, il n’a plus qu’un désir : retrouver la mer et la contempler depuis la maison dont il a hérité, le long de la plage, face à l’île de Cézembre.
Mais très vite, Yann observe avec intérêt les impressionnantes archives de sa famille dans l’ancien bureau d’Octave, son arrière-grand-père. Irrésistiblement attiré par ces carnets, véritables journaux de bord, il se plonge dans leur lecture. Octave, qui rêvait de dompter la mer en concevant de nouveaux bateaux à moteurs, a fondé au début du XXe siècle une illustre compagnie maritime, Kérambrun & Fils. L’entreprise a contribué à la fortune de la ville et son fondateur en est devenu un des principaux notables. Pourtant, derrière l’image brillante de grand capitaine d’industrie s’esquisse rapidement un autre visage : le patron génial, visionnaire était un père et un époux inquiet, un homme qui a traversé des drames et dont les doutes et les blessures semblent faire écho à celles de son arrière-petit-fils. Pourquoi ? Quelles douleurs, quels secrets taisent les carnets d’Octave ?
En plongeant dans la vie de son aïeul, son arrière-petit-fils va tenter de comprendre les failles qui lézardent la légende familiale. Ce faisant, il découvrira l’histoire tourmentée de Cézembre, une île microscopique mais à la position stratégique face à la ville. En éclairant le passé, en apprivoisant les éléments maritimes, le solitaire Yann de Kérambrun parviendra à adoucir le présent et, peut-être, à vivre à nouveau les sentiments qu’il fuyait.
Au fil de pages magnifiques qui sont autant de tableaux de cette côte bretonne à la beauté aussi envoûtante qu’inquiétante, l’époustouflante saga d’une famille malouine dont la mer a fait la fortune et le malheur.
Dictionnaire amoureux de la traduction
Josée Kamoun
Ed. Plon, avril 2024
"Un Dictionnaire amoureux, c'est le contraire d'un dictionnaire : son A à Z n'épuise pas le sujet, et il annonce d'emblée la couleur de sa subjectivité. Il s'agit d'entraîner les lecteurs dans des traboules dont les débouchés peuvent surprendre, de les entraîner parfois aux confins du traduire chez ceux pour qui le mot est geste ou chez ceux dont la langue se délie pour moduler celle des oiseaux.
Introduits dans le voyage des œuvres par la belle Schéhérazade, on y croisera des émojistes enlumineurs postmodernes, des harponneurs de baleine blanche, une adolescente anglophone à Vérone, des bilingues et diglosses à leur corps défendu, des irréductibles de Babel et des Fédérés de la Pentecôte.
Mon dictionnaire est une histoire d'amour avec toutes les langues et littératures que la traduction m'a offertes, la langue et la littérature anglaises en particulier, mais aussi avec les paysages et les accents américains ; avec la langue et la littérature françaises, avec les vieux vieux textes hébergeant des mots disparus comme avec le parler tout neuf qui court la rue, date de péremption inconnue. Une galerie d'étonnements et d'admirations devant l'inépuisable, l'ensorcelante ambiguïté du réel."
Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette : à Montmartre
Nadine Monfils
Ed. Robert Laffont, avril 2024
Montmartre, ses travestis et ses fantômes...
Une enquête du peintre René Magritte et de sa femme Georgette.
René Magritte est à Montmartre avec son épouse Georgette pour une exposition de ses oeuvres où il va rencontrer Boris Vian.
Au cours d'une sortie en solitaire, il aperçoit une jolie jeune femme à la terrasse d'un bistrot. Elle porte un curieux chapeau avec un poussin dans un nid de plumes. Il sympathise avec elle et ne résiste pas à l'envie de la photographier. Elle finit par s'enfuir subrepticement,
laissant derrière elle son chapeau. De retour à l'hôtel, Magritte le cache au dessus de la penderie. Georgette le découvre et, jalouse, elle l'écrase. Un petit mot s'échappe alors : " Sauvez-moi ! ".