Accès aux soins : "Les patients les plus précaires sont les plus mal soignés"
Les inégalités de santé se creuse en France et les personnes en situation de précarité sont les plus touchées par les difficultés d'accès aux soins, alerte le dernier rapport de Médecins du monde.
Une inégalité criante d’accès aux soins sur le territoire. C'est ce que dénonce Médecins du monde dans son 22e rapport annuel de l’observatoire de l’accès aux droits et aux soins publié le 8 décembre. Les personnes en situation de précarité sont les premières touchées par la crise du système de santé en France, que ce soit pour accéder à un médecin généraliste, à un médecin spécialiste ou être pris en charge à l’hôpital.
Renoncer aux soins pour raisons financières
"Ces inégalités de santé se creusent et nous aboutissons non pas à une médecine à deux vitesses mais à 10 vitesses", regrette le docteur Jimmy Mohamed. "Je constate dans mon exercice de médecin généraliste que les patients les plus précaires sont souvent les plus mal soignés" poursuit-il. Et ce constat est partagé par l'ONG Médecins du monde. "Dans les centres de consultation de Médecins du monde, 80% des personnes qui ont renoncé aux soins l'ont fait pour des raisons financières", note la docteure Florence Rigal, présidente de Médecins du Monde.
Un retard de prise en charge difficile à rattraper
"Une autre difficulté financière est pour se déplacer, ne serait-ce que pour se rendre à des lieux de consultation ou d'examens" poursuit-elle. Conséquence : les pathologies même les plus simples à traiter ne sont pas soignées et les patients arrivent aux consultations de Médecins du monde à des stades déjà avancés. D'autant que "six patients sur dix qui s'adressent à Médecins du monde ont une pathologie chronique". Pour eux, le retard au recours aux soins est "parfois difficile à rattraper".
Ces patients ont dans la grande majorité des conditions de vie difficiles en terme d'hébergement, d'alimentation, qui font que la santé n'est jamais mise en avant. Pourtant, des aides comme l'Aide Médicale d'Etat (AME), la Protection Universelle Maladie (Puma) existent. Mais elles ne sont pas suffisantes, d'autant qu'elles sont mal connues, mal comprises et difficiles d'accès d'un point de vue administratif.