Cancer de la vessie : les succès de l'immunothérapie confirmés
Les formes métastatiques du cancer de la vessie sont particulièrement agressives, et d'un très mauvais pronostic. Pour la première fois depuis 30 ans, une stratégie thérapeutique démontre son efficacité contre le développement de ces cancers. Le détail de ces travaux ont été présentés ce 27 novembre dans la revue Nature.
Une majorité de cancers de la vessie est provoquée par une prolifération anormale des cellules qui recouvrent la surface interne de cet organe (cellules urothéliales)(1). Or, ces cellules se changent aisément en métastases que les chimiothérapies ont énormément de mal à réduire.
Les biologistes savent depuis longtemps que les cellules cancéreuses expriment des signaux chimiques très puissants, qui interdisent aux différents agents du système immunitaire de les détruire. Au niveau moléculaire, on assiste à d'interminables pourparlers chimiques, qui aboutissent presque toujours au même résultat : les armes déployées par l'organisme sont déposées aux pieds de l'ennemi, qui poursuit son expansion sans être inquiété.
Ces dernières années, de nombreux laboratoires de par le monde cherchent à identifier des molécules qui empêchent, à un niveau ou un autre, la communication entre les cellules malades et les agents de l'immunité.
Ces stratégies d'immunothérapie ne cessent de démontrer leur potentiel pour le traitement de nombreuses formes de cancer (mélanome, utérus…). En juin dernier, une équipe internationale avait annoncé au 50ème congrès de l'ASCO(2) qu'un essai clinique destiné à évaluer la tolérance d'une telle molécule "anti-communication" chez des patients atteints de cancers métastasés de la vessie s'était soldé par la régression des tumeurs chez un nombre important de patients. Six mois plus tard, les chercheurs publient le détail de leur travail dans la prestigieuse revue Nature, confirmant les résultats avancés.
Chez 30 des 68 participants à l'essai, les cellules cancéreuses présentaient à leur surface une grande quantité de protéines PD-L1 (dont la fonction est, là aussi, d'interdire toute agression par le système immunitaire). Ces malades se sont vus administrer une molécule inhibitrice du nom de MPDL3280A (développée par les laboratoires Roche®). Les tumeurs ont soit cessé leur progression, soit régressé, chez treize patients (suivis à douze semaines). Celles-ci étant même indétectables à l'examen radiologique chez deux malades.
La molécule MPDL3280A apparaît relativement bien tolérée par les patients. Les chercheurs soulignent son absence de toxicité pour les reins, alors même que les patients atteints de cancers de la vessie "sont souvent âgés, et ont une incidence élevée d'insuffisance rénale".
"[Nos] résultats suggèrent que MPDL3280A peut avoir un rôle important dans le traitement du cancer urothélial métastatique de la vessie", concluent les chercheurs, se réjouissant du fait que la Food and Drug Administration (FDA) étasunienne ait accordé à cette molécule un statut particulier à l'issue de l'ASCO 2014 – ce statut permettant d'accélérer le financement de la recherche et de rendre prioritaire les essais cliniques associés.
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(1) Lorsque ce développement reste cantonné à cette zone, les traitements conventionnels s'avèrent assez efficaces.
(2) Congrès de la Société américaine d'oncologie clinique.
Source : MPDL3280A (anti-PD-L1) treatment leads to clinical activity in metastatic bladder cancer. T. Powles et coll. Nature, 27 nov. 2014 doi:10.1038/nature13904
Le cancer de la vessie est peu connu du grand public. Considéré à tort comme un cancer rare, il est pourtant en cinquième position des cancers les plus fréquents et touche préférentiellement les hommes de plus de 50 ans, en majorité des fumeurs et anciens fumeurs, ainsi que les travailleurs au contact de produits toxiques.