Cancer de la vessie : les hommes davantage touchés que les femmes

Le cancer de la vessie touche 13.000 Français chaque année, causant 3.000 décès par an. Il survient surtout vers l'âge de 70 ans et touche quatre fois plus les hommes que les femmes. Mais le taux de guérison est élevé lorsque le cancer de la vessie est dépisté tôt.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Cancer de la vessie : les hommes davantage touchés que les femmes
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Cancer de la vessie : les toxines mises en cause

Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé décrivent les facteurs à l'origine du cancer de la vessie
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé décrivent les facteurs à l'origine du cancer de la vessie

Une envie fréquente d'uriner, la présence de sang dans les urines, des douleurs pendant la miction... Ces symptômes peuvent être le signe d'un cancer de la vessie. Chaque année, en France, plus de 13.000 nouveaux cas sont diagnostiqués.

Le cancer de la vessie touche quatre fois plus les hommes que les femmes. Il occupe, chez les hommes, le quatrième rang des cancers les plus fréquents. Mais le nombre de cas chez les femmes est en progression. Les raisons de cette augmentation sont à chercher du côté de leurs habitudes de vie : les femmes fument plus qu'auparavant et le tabagisme est le premier facteur de risque de cancer de la vessie. Avec la diminution de la consommation de tabac, le nombre total de cancers de la vessie diminuePlus la maladie est détectée tôt, plus les chances de guérison sont importantes.

Chez les femmes, la vessie est en avant du vagin et sous l'utérus. Chez les hommes, la prostate est collée à la vessie, et le rectum est en arrière. La vessie fait partie du système urinaire. Elle sert de réservoir d'urine. Si on examine la vessie de plus près, sa paroi est composée de trois couches de muscles et de différents capteurs qui informent le cerveau du remplissage de la vessie. Le revêtement le plus profond de la paroi est formé d'une couche de cellules qu'on appelle la muqueuse urothéliale.

La plupart du temps, la tumeur se forme à partir de ces cellules qui deviennent anormales et se multiplient de façon anarchique formant une masse. Neuf fois sur dix, la tumeur prend naissance dans la muqueuse urothéliale  et le pronostic est plutôt bon. Mais la tumeur peut devenir infiltrante et envahir le muscle de la vessie. Le degré d'évolution de la tumeur va conditionner le traitement.

Cancer de la vessie : les symptômes

Les premiers symptômes du cancer de la vessie apparaissent tardivement : brûlures au niveau de la vessie, mictions très fréquentes, fuites ou sang dans les urines.

La présence de sang doit alarmer et inciter à consulter rapidement pour en trouver l'origine. Trois fois sur quatre, on découvre un polype sur la paroi interne de la vessie, qu'il faut retirer chirurgicalement. Il s'agit d'une tumeur superficielle et donc, de bon pronostic. La résection transurétrale de vessie est une technique chirurgicale qui permet l'ablation de ces lésions en préservant la vessie.

Elle nécessite tout de même un traitement complémentaire pour éviter la récidive. Les médecins réalisent des instillations à l'intérieur de la vessie avec des produits bien spécifiques. Il s'agit soit d'un médicament contre la tumeur (c'est une chimiothérapie) soit d'immunothérapie, avec par exemple le BCG, la même substance que pour le vaccin, qui stimulerait les défenses immunitaires et éviterait la récidive . La radiothérapie peut également être utilisée.

Une surveillance régulière est aussi indispensable, car une fois sur deux, le cancer de la vessie récidive.

Les cancers de la vessie d'origine professionnelle

Quels sont les facteurs de risques du cancer de la vessie ?
Quels sont les facteurs de risques du cancer de la vessie ?

On sait aujourd'hui que le tabac est le premier facteur de risque pour le cancer de la vessie. Il est classé cancérogène certain par le CIRC et 53% des cancers de la vessie sont attribués au tabac chez les hommes, 39% chez la femme (source : cancer environnement. Le second facteur, c'est l'exposition à des toxiques environnementaux, notamment professionnels, dont l'élimination est urinaire. Les principales substances incriminées sont les hydrocarbures aromatiques polycycliques, ainsi que les amines aromatiques. Parmi les industries les plus concernées, on trouve celles des colorants et du caoutchouc.

Comme le cancer de la vessie se manifeste une vingtaine d'années après l'exposition, la médecine du travail et les caisses d'assurance retraite et de la santé au travail (CARSAT) surveillent particulièrement les salariés des secteurs concernés.

Les cancers de la vessie se développent en moyenne vingt ans après l'exposition d'où la nécessité de surveiller régulièrement les retraités de ces industries. Des analyses d'urine régulières permettent de détecter précocement les cellules anormales.

Cystectomie : l'ablation de la vessie

Attention, images de chirurgie ! Reconstruction d'une vessie à partir de l'intestin du patient.
Attention, images de chirurgie ! Reconstruction d'une vessie à partir de l'intestin du patient.

Lorsque le cancer de la vessie est déjà trop avancé, il est alors nécessaire d'enlever la totalité de la vessie, c'est une cystectomie (ablation complète de la vessie). Cette chirurgie est beaucoup plus lourde car on retire également l'utérus, chez les femmes, et la prostate, chez les hommes, pour éviter le risque de contamination.

Le taux de guérison reste néanmoins bon si le cancer de la vessie a été dépisté à temps.

Après la cystectomie, il faut ensuite recréer un réservoir pour les urines pour permettre au patient d'uriner le plus naturellement possible. Il y a deux possibilités : la première est de relier les deux conduits, qui vont du rein à la vessie, avec un morceau d'intestin, on le fait ensuite aboucher à la peau, et les urines sont recueillies dans une poche.

Pour permettre aux patients d'uriner "naturellement" après l'ablation de leur vessie, les chirurgiens urologues pratiquent des entéroplasties. Le principe : créer une nouvelle vessie à partir de l'intestin du patient. Le grand intérêt de cette opération est de pouvoir retrouver une miction quasiment normale, sans recourir à la pose d'une poche extérieure qui permet alors d'éliminer les urines. La majorité des patients en bénéficient après une cystectomie. Les complications précoces surviennent chez moins de 30% des patients, à type de troubles cardiovasculaires, embolies pulmonaires, infections urinaires et pulmonaires.

Réapprendre à uriner naturellement

La reconstruction de la vessie nécessite ensuite une rééducation
La reconstruction de la vessie nécessite ensuite une rééducation

Pour remplacer la vessie, il existe deux solutions : la pose d'une stomie urinaire ou la reconstruction d'une vessie artificielle à partir d'un morceau d'intestin grêle.

Marc a bénéficié de cette reconstruction. Pour apprendre à maîtriser cette nouvelle vessie, il reçoit régulièrement les conseils d'une infirmière spécialisée.

Vivre avec une stomie urinaire

Après une ablation totale de la vessie, la pose d'une stomie urinaire est proposée dans la grande majorité des cas. Les voies urinaires sont alors déviées pour permettre d'évacuer les urines dans une poche artificielle.

La poche urinaire est camouflée sous les vêtements. C'est donc un système discret qui permet aux patients stomisés de continuer à vivre normalement. Mais cela reste un appareillage contraignant qu'il faut aussi savoir accepter psychologiquement. Pour cela, les patients stomisés peuvent compter sur leur référent en la matière, l'infirmière stomathérapeute.

Les stomathérapeutes sont des infirmières spécialisées dans les soins et la prise en charge des stomisés. Leur rôle est de répondre aux questions, permettre aux patients de mieux vivre avec leur stomie et faire un suivi quand cela est nécessaire.

Pour les personnes qui portent une poche urinaire, les problèmes les plus fréquents sont généralement des fuites ou des problèmes de lésions cutanées. Souvent, ils sont liés à des soins inadaptés ou encore à un appareillage qui ne convient pas. D'où l'importance de consulter une infirmière stomathérapeute.