L'urine : des vertus moins connues
On en produit entre un litre et un litre et demi par jour. L'urine est sécrétée après le passage du sang dans les reins, où les déchets sont filtrés et éliminés. Liquide neutre, elle a été un des premiers désinfectants et reste utilisée par certains pour leur santé.
Qu'est-ce que l'urine ?
On en produit entre un litre et un litre et demi par jour. L'urine est un liquide neutre qui a été l'un des premiers désinfectants. Mais l'urine est avant tout un indicateur du bon fonctionnement de nos organes.
Pour mieux cerner ce fascinant liquide, il faut remonter à la source et observer les reins de plus près. Des milliers de petits glomérules, des amas de vaisseaux, filtrent 1.600 litres de sang par jour. Ces petites unités font le tri. Elles réabsorbent ce dont a besoin le corps et éliminent l'excédent sous forme d'urine au moment de la miction.
Dans un litre d'urine, il y a surtout de l'eau (950 g), mais aussi des sels minéraux (11 g de chlorures, 3 g de phosphates, 11 g de sulfates), diverses matières organiques (4 g), de l'urée (25 g) et des pigments biliaires (0,05 g d'urobiline). Ces derniers donnent d'ailleurs aux urines leur couleur jaune. Un jaune foncé quand on n'a pas beaucoup bu et jaune clair quand les urines sont diluées.
Savoir uriner
La paroi de la vessie est composée de trois couches de muscles. Elle est plissée quand la vessie est vide et au contraire, plus elle se remplit, plus la paroi se tend. C'est à ce moment que naît la sensation de besoin. Des capteurs dont le rôle est d'évaluer la tension de la vessie sont présents dans cette paroi. Ils se poursuivent par des nerfs reliés au cerveau. À partir d'un certain seuil, l'envie d'uriner est transmise à ce dernier, dans le but de vider la vessie : c'est la miction.
Le cerveau joue donc un rôle essentiel. Nous contrôlons de manière volontaire la miction, car il existe un sphincter particulier à la base de l'urètre. C'est une sorte de robinet que l'on ouvre ou que l'on ferme volontairement. Le reste se fait de manière automatique.
Les propriétés de l'urine
L'urine est un liquide normalement clair. Si l'on boit plus, sa couleur s'éclaircit et au contraire, elle fonce si nous réduisons nos apports. C'est ce qui arrive le matin, après une nuit sans boire. Elle est composée à 95% d'eau. Pour le reste, on y trouve des minéraux comme des sels (sodium, chlore), mais aussi des déchets. Les protéines, par exemple, sont utilisées par notre corps. À la fin, il ne reste qu'un produit : l'urée. C'est ce produit qui est mesuré dans le sang et dans l'urine pour évaluer le fonctionnement des reins.
L'urine a des vertus plus ou moins connues. Cela a été l'un des premiers désinfectants car ce liquide est neutre, une qualité qui a rendu beaucoup de services dans le passé ou dans les situations de crise.
Pour certaines personnes, l'urine est aussi tout un mode de vie... Elle sert à purifier sa peau et/ou joue le rôle de boisson thérapeutique. C'est ce que l'on appelle l'amarolie.
Analyses d'urine : toute une histoire
Connaissez-vous l'uroscopie ? Il s'agit de l'examen visuel de l'urine pratiqué par les médecins. Dès l'Antiquité, il a été l'un des premiers outils de diagnostic.
Simple excrément pour certains, boisson d'or aux vertus thérapeutiques pour d'autres... depuis l'Antiquité, l'urine est avant tout un outil pour les médecins. Une source précieuse qui permet de diagnostiquer les maladies.
Très tôt, des traités médicaux sont consacrés aux mictions. Hippocrate a été un des premiers à associer un type d'urine à un type de maladies. Avec la prise du pouls et l'interrogatoire du malade, l'observation de l'urine est primordiale pour poser le bon diagnostic. "Au départ, on va surtout s'intéresser à la couleur de l'urine. On va établir des tables chromatiques avec l'association d'un état de santé, d'un tempérament, d'une saison et d'une couleur", explique Stanis Perez, historien. Si dans les premiers textes, 21 couleurs d'urine sont référencées, très vite la palette chromatique se développe pour arriver à 40 coloris répertoriés.
Un auteur du Moyen-Âge explique que l'urine est une sorte de résumé du corps malade. Et l'observation de l'apparence d'une miction dans un récipient, l'urinal, permet de localiser la maladie. À la Renaissance, le rapport au corps évolue et l'observation des urines commence à devenir moins systématique pour établir le diagnostic.
Dès la fin du XVIIIe siècle, l'urine redevient un outil de diagnostic. Mais cette fois-ci de manière plus scientifique. Grâce aux analyses chimiques et au microscope, les médecins connaissent désormais la composition physico-chimique de l'urine et peuvent ainsi poser un diagnostic précis de la maladie.
Les analyses d'urine
Une douleur rénale, des difficultés à uriner... Dans certains cas, le médecin peut demander une analyse d'urine pour connaître l'origine de ces symptômes. Cet examen permet de diagnostiquer de nombreuses pathologies comme les infections urinaires, certaines infections sexuellement transmissibles ou encore l'insuffisance rénale. Aujourd'hui, grâce aux technologies, l'urine n'a plus de secrets pour les biologistes.
Jaune ambré, transparent, opaque, rouge ou avec un dépôt blanc… l'urine peut prendre des couleurs et des formes bien différentes. Dans les laboratoires spécialisés, des centaines d'échantillons sont analysés chaque jour.
Tout commence par une observation visuelle de la miction au microscope : "On recherche en particulier des choses qui ne doivent pas y être comme des globules rouges, des globules blancs qui peuvent témoigner de maladies du rein parce que normalement on ne retrouve pas de globules, il n'y a rien de visible dans les urines normales. Et on recherche également d'éventuels cristaux qui pourraient apparaître dans les urines et qui pourraient témoigner d'un risque de calculs urinaires", explique le Pr Emmanuel Letavernier, néphrologue physiologiste.
L'examen visuel des urines au microscope peut être complété par des analyses biochimiques qui consistent à mesurer la quantité de chaque composé comme par exemple le phosphore, le sodium, le potassium, l'urée ou encore l'acide urique : "Les déchets produits par l'organisme sont éliminés par le rein et amènent de nombreux renseignements sur la façon dont le rein travaille. On sait ainsi s'il travaille normalement ou pas", note le Pr Letavernier.
Chromatographie, spectromètre de flamme… Autant d'outils perfectionnés qui permettent de percer les mystères des urines. Mais les machines ne font pas tout. Et grâce au savoir-faire du biologiste, de nouvelles données sont obtenues à partir d'images en lumière polarisée. Ce type de recherche est long et très spécifique car les caractéristiques de cristaux sont nombreuses et très variées.
Maladies rénales, malformations génétiques ou encore mauvais régime alimentaire… les origines de ces cristaux sont diverses. Grâce à ces analyses, les urines révèlent leurs secrets et permettent de proposer au malade des traitements adaptés.
Le calendrier mictionnel
Se rappeler combien de fois on urine par jour n'est pas toujours évident. Pourtant, ces informations sont indispensables au médecin pour poser un diagnostic et a fortiori définir ou réévaluer le traitement. C'est dans ce but que certains patients tiennent régulièrement ce qu'on appelle un calendrier mictionnel.
Concrètement, les patients utilisent un verre doseur pour mesurer le volume de leurs urines à chaque miction et notent les résultats dans un calendrier : heure de la miction, quantité d'urine, circonstances... Les patients font ensuite le point avec leur urologue.
En savoir plus
Sur Allodocteurs.fr
· Les superpouvoirs de l'urine !
· Pourquoi l’urine est-elle foncée ?
· Mon urine est très malodorante : que faire ?
· Boire son urine a-t-il des vertus reconnues ?
· Urines foncées, urines mousseuses : quand faut-il s'inquiéter ?
· Urine qui mousse, urine bleue : faut-il s'inquiéter ?
· Urinothérapie : les vertus de l'urine, entre mythe et réalité
· J’ai du sang dans les urines : dois-je m’inquiéter ?
· Hématurie : à quoi est dû le sang dans les urines ?
· Infection urinaire : comment identifier les bactéries responsables ?
Ailleurs sur le web