Cancer du poumon : une simple prise de sang pour reconnaître les nodules malins ?
Des millions de protéines produites par nos cellules voyagent dans le flux sanguin. En analysant la présence de centaines d'entre elles dans un échantillon de sang, un laboratoire étasunien estime pouvoir prédire avec 90% de certitude si certaines lésions pulmonaires sont bénignes ou cancéreuses.
Le développement d'une tumeur cancéreuse dans le poumon est associée à une variation de la production d'au moins 371 protéines (1). Quand ce groupe de protéines est détecté, leur concentration permet d'identifier si une petite lésion du poumon (jusqu'à trois centimètres) est bénigne ou non dans environ 90% des cas, selon les résultats d'une étude publiée mercredi 16 octobre 2013, dans la revue Science Translational Medicine.
Des chercheurs du laboratoire étasunien Integrated Diagnostics (InDi) ont analysé, à l'aide d'un programme informatique, des échantillons de plasma sanguin provenant de 143 patients avec un nodule bénin ou une tumeur aux premiers stades de développement. Le test a permis de décrire correctement l'état des patients dans 104 des cas.
Le nombre de personnes impliqué dans l'expérience est réduit, et le taux d'erreur (faux-positifs et faux-négatifs) reste important. Un tel test permet toutefois de resserrer le faisceau des présomptions en faveur du développement d'une tumeur cancéreuse.
"Les médecins traitant ont souvent le plus grand mal à décider de la marche à suivre après avoir découvert un nodule dans un poumon d'un patient vu la difficulté de savoir si cette lésion présente ou pas un risque d'être cancéreux", note le pneumologue Kenneth Fang, co-auteur de l'étude."Les cancérologues recourent fréquemment à une biopsie ou à une intervention chirurgicale qui comportent des risques pour déterminer la nature de la lésion. […] Il [existe donc] un besoin de diagnostic permettant d'éviter ces procédures."
"Ces travaux ne sont qu'un début", conclut-il, "mais les principes sur lesquels reposent cette technologie de diagnostic devraient pouvoir être appliqués à d'autres cancers et pathologies".
Malgré les limites du test dans l'état actuel de son développement, la société InDi souhaite réaliser sa commercialisation dès fin 2013.
(1) Ces protéines sont liées à plusieurs mécanismes de développement du cancer, comme la croissance et la prolifération des cellules, l'inflammation des poumons et l'oxydation cellulaire.
Source : A Blood-Based Proteomic Classifier for the Molecular Characterization of Pulmonary Nodules, Paul Kearney et al. Sci Transl Oct. 2013: doi:10.1126/scitranslmed.3007013