Cancer du sein : le travail de nuit augmenterait les risques

Le travail nocturne serait probablement cancérigène. Plus précisément, le risque de cancer du sein augmenterait de 30 % chez les femmes qui travaillent de nuit.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

- Reportage du 18 juillet 2012 -


Selon des travaux expérimentaux et épidémiologiques du Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC), le fait de travailler la nuit ou en horaires décalés altère le rythme biologique contrôlant l'alternance veille-sommeil. Des chercheurs de l'Inserm ont donc examiné l'impact du travail de nuit sur la santé des femmes, dans une grande étude de population effectuée en France, entre 2005 et 2008, et publiée dans l'International Journal of Cancer.

Ils ont constaté que travailler de nuit, par exemple en milieu hospitalier, dans les transports ou encore dans l'industrie textile entraînait des troubles du sommeil et des fatigues chroniques. Plus encore, "nos conclusions nous permettent d'affirmer que le risque de cancer du sein augmente de 30 % chez les femmes qui travaillent de nuit", affirme Pascal Guénel, principal auteur de l'étude.

Système immunitaire affaibli

Chez les femmes ayant travaillé de nuit, pendant plus de 4 ans, ou chez celles dont le rythme de travail était de moins de 3 nuits par semaine, impliquant des décalages de phase plus fréquents entre le rythme de jour et le rythme de nuit, cette augmentation du risque de cancer du sein était particulièrement marquée.

Plusieurs hypothèses expliqueraient cette perturbation du rythme circadien. Le travail de nuit et l'exposition à la lumière supprimeraient le pic nocturne de mélatonine et ses effets anti-cancérigènes. Le fonctionnement des gènes de l'horloge biologique qui contrôlent la prolifération cellulaire serait perturbé. Et les troubles du sommeil affaibliraient le système immunitaire.

Augmentation du travail en horaires décalés chez les femmes 

Autre constat : le travail de nuit effectué avant la première grossesse accroissait ce risque. Un résultat qui pourrait s’expliquer par une plus grande vulnérabilité des cellules mammaires incomplètement différenciées chez la femme avant le premier accouchement.

"Nos travaux confortent les résultats d'études antérieures et posent le problème de la prise en compte du travail de nuit dans une optique de santé publique, d'autant que le nombre de femmes travaillant avec des horaires atypiques est en augmentation", rappelle Pascal Guénel.

Première cause de mortalité par cancer chez les femmes, le cancer du sein touche une femme sur 1 000 par an dans les pays développés. Chaque année, 53 000 nouveaux cas sont diagnostiqués en France.

Source : "The CECILE study "Night work and breast cancer: A population-based case–control study in France", International Journal of Cancer, juin 2012, DOI: 10.1002/ijc.27669.

En savoir plus