Voici pourquoi les personnes grandes ont plus de risques de développer un cancer

Le risque de développer un cancer augmente d’environ 16 % pour chaque dizaine de centimètres supplémentaires, selon les résultats d’une étude de chercheurs d'Oxford.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
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Dépister les cancers permet de les prendre en charge plus tôt et de mieux les soigner
Dépister les cancers permet de les prendre en charge plus tôt et de mieux les soigner  —  Allo Docteurs - Newen Digital

Les facteurs de risque de cancer sont multiples et relativement bien connus de nos jours : âge, tabac, surpoids, exposition au soleil… Plus surprenant, être grand favoriserait également le risque de survenue de plusieurs cancers, dont celui du pancréas, de l’ovaire, du rein, du sein ou de la peau, selon le Fonds mondial de recherche contre le cancer.

Pour corroborer ou non ce qui s’apparente à une idée reçue autour du cancer, des chercheurs britanniques de l’université d’Oxford se sont penchés sur les données de santé de plus d’un million de femmes entre 1996 et 2001. Leurs résultats ont été publiés en 2011 dans la revue Lancet Oncology dans le cadre de l’étude The Million Women Study, l’une des plus importantes études menées sur la santé des femmes dans le monde.

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Est-on plus à risque de développer un cancer quand on est grand ?

Ils font effectivement état d’un lien entre une taille plus importante et un risque accru de développer 15 des cancers qu’ils ont étudiés. En moyenne, ce risque augmente d'environ 16 % à chaque dizaine de centimètres supplémentaire.

Cette augmentation du risque cancéreux est toutefois relativement faible. Voire infime. Pour mettre cette augmentation en perspective, si sur 10 000 femmes de taille moyenne (environ 1m65), environ 45 vont développer un cancer, alors ce nombre monte à 52 pour 10 000 femmes de plus de 1m75. Cela ne représente donc qu'environ sept cas supplémentaires de cancer à cette échelle. 

Une autre analyse à large échelle, publiée en 2019 dans la revue British Journal of Cancer et menée sur les données de santé de près de 23 millions de Sud-Coréens, a également mis en lumière un risque accru de développer un cancer chez les personnes de grande taille, hommes et femmes confondus cette fois-ci.

Dans ces études, la relation entre la taille et le risque de cancer a été observée chez toutes les catégories de la population, peu importe son niveau de revenu et ses origines. Ce qui peut laisser suggérer qu’il existe une cause biologique, et non sociale, à ce phénomène. 

Quel est le lien entre grande taille et cancer ?

Bien qu’elles soient encore peu étudiées, il existe différentes raisons qui permettraient d’expliquer ce lien, nous apprend Science Alert. Première hypothèse : et si le risque de développer un cancer augmentait tout simplement car les personnes plus grandes possèdent physiologiquement plus de cellules ? Statistiquement, plus la taille est grande, plus le risque serait élevé.  

En effet, les scientifiques pensent que le cancer se développe suite à une accumulation de micro-dommages au niveau des gènes, qui peuvent survenir au moment où les cellules se divisent. Plus les dommages s'accumulent, plus il est probable qu'un cancer se développe. 

Une personne avec un nombre supérieur de cellules aura donc forcément plus de divisions cellulaires, et donc statistiquement plus de risques qu’un cancer se développe dans l’une d’entre elles. Les résultats d’autres études soutiennent l’explication du risque accru de développer un cancer lié à un plus grand nombre de cellules, notamment chez les personnes de grande taille. Selon les scientifiques à l’origine de ces études, cela permettrait également d’expliquer pourquoi les hommes sont plus susceptibles de développer un cancer, étant donné qu’il sont en moyenne plus grands que les femmes.  

Une hormone de croissance en cause ?

Une seconde théorie existe. Selon ses défenseurs, il existerait un facteur commun à la taille plus importante et à l’augmentation du risque de cancer : une hormone de croissance appelée IGF-1. Ce facteur de croissance analogue à l’insuline 1 permet aux enfants de grandir et continue à jouer un rôle important dans la croissance à l’adolescence et dans la division des cellules chez les adultes.  

Certaines études ont montré que les personnes ayant des niveaux d'IGF-1 plus élevés que la moyenne possèdent un risque accru de développer un cancer du sein ou de la prostate. À noter qu’il ne s’agit pas d’une constatation appliquée à tous les types de cancer. Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre et analyser les causes de cette augmentation statistique, même infime, dans le développement du cancer chez les personnes de grande taille.