Dépister et prévenir le cancer du foie
Parmi les maladies du plus gros organe du corps, il n'y a pas que la cirrhose... Le nombre de cancers du foie est en augmentation depuis vingt ans en France. Même si les traitements s'améliorent, comment prévenir la maladie ? Existe-t-il des comportements à risque ?
- Qu'est-ce que le cancer du foie ?
- Cancer du foie : un diagnostic en 24 heures
- Cancer du foie : l'ablation partielle du foie
- Chimiohyperthermie : des résultats prometteurs
- Cancer du foie : des interventions moins invasives
- Cancer du foie : le traitement par chimioembolisation
- Cancer du foie : la transplantation hépatique
Qu'est-ce que le cancer du foie ?
Le cancer du foie fait peur car il est l'un des cancers digestifs les plus agressifs. Mais le cancer du foie est aussi l'un de ceux dont les traitements ont beaucoup progressé ces dernières années.
Le foie est le plus gros organe du corps. C'est un organe très vascularisé. Il contient plus de 10% du volume sanguin total du corps. Chaque minute, chez un adulte, il est traversé par presque un litre et demi de sang. Le foie fabrique la bile qui aide à la digestion des graisses. Il stocke le glucose, les vitamines et les minéraux issus de la digestion et les libère dans le sang lorsque l'organisme en a besoin. Il débarrasse aussi le corps d'une bonne partie de ces toxines. Le sang arrive chargé de déchets, par exemple d'alcool, de médicaments puis rejoint la circulation sanguine une fois purifié.
Toutes ces fonctions sont en grande partie effectuées par les cellules du foie, les hépatocytes. Elles s'organisent en petits groupes, les lobules, autour d'une veine centrale. Ces cellules hépatiques peuvent être le point de départ d'un cancer, lorsque le foie est déjà endommagé par une maladie chronique, comme une hépatite par exemple. Dès que la cellule devient anormale, elle se multiplie de façon anarchique pour former une masse. Neuf fois sur dix, il s'agit de carcinomes hépatocellulaires.
D'autres formes de cancer peuvent se développer à partir de cellules des canaux biliaires ou à partir des vaisseaux sanguins. Le foie peut être le siège de métastases, des tumeurs secondaires issues d'un cancer du côlon, du poumon, du sein. Plus d'un cancer sur trois crée une métastase au foie. Ces cancers secondaires sont vingt à cinquante fois plus fréquents que les cancers primitifs.
Cancer du foie : un diagnostic en 24 heures
Parce qu'il est généralement asymptomatique, diagnostiquer un cancer du foie n'est pas chose aisée. Il est d'ailleurs trop souvent diagnostiqué à un stade avancé. D'où l'intérêt de le dépister le plus précocément possible.
Il existe des centres de diagnostic rapide, notamment à l'hôpital Beaujon, à Paris. Bilan sanguin, scanner, IRM... tous ces examens sont réalisés en une seule journée et en un seul lieu pour savoir si une lésion détectée au foie est bénigne ou cancéreuse. Ce diagnostic rapide du cancer du foie s'adresse à toute personne présentant une tumeur qui vient d'être détectée lors d'une consultation chez son médecin ou à la suite d'un examen d'imagerie.
Habituellement, ce type de diagnostic prend plusieurs semaines. Dans ces centres, l'organisation a été totalement repensée. Et en quelques heures à peine, le patient peut avoir une consultation pluridisciplinaire, une échographie et une IRM.
Les centres de diagnostic rapide réalisent des diagnostics pour tout type de tumeurs du foie et du pancréas, bégnines ou cancéreuses. Ce diagnostic rapide permet d'envisager très rapidement une biopsie, si elle est indiquée, et en cas de diagnostic de cancer, de mettre immédiatement en place un programme de traitement adapté.
Cancer du foie : l'ablation partielle du foie
Parmi les cancers du foie, il y a le cancer des voies biliaires intra-hépatiques. Ces canaux passent dans le foie et permettent de transporter la bile vers la vésicule biliaire. Quand ce type de cancer est détecté à temps, il est possible de réaliser une ablation de la partie malade du foie (hépatectomie partielle).
Après l'ablation de la partie malade, le foie restant prend le relais et assure la totalité de la fonction hépatique, sans perte de fonction pour le patient. Des analyses sont également effectuées pour décider si un traitement complémentaire est nécessaire.
Chimiohyperthermie : des résultats prometteurs
Plusieurs équipes de chercheurs ont eu l'idée d'isoler le foie des autres organes (technique utilisée en chirurgie cardio-vasculaire) pour pouvoir augmenter les doses. Jusqu'alors, les résultats n'étaient pas probants mais en 2007, un chirurgien de l'hôpital Georges Pompidou (Paris) y est arrivé.
En fait, il a non seulement isolé le foie pour pouvoir injecter, à haute dose, des produits de chimiothérapie et une très forte chaleur, mais il a utilisé plusieurs types de produits. Cette opération est encore à un stade expérimental : seules deux personnes ont pu en bénéficier en 2007 et les prochains seront aussi minutieusement sélectionnés... Il faut donc encore attendre les résultats à long terme sur ces patients pour espérer que ce traitement se développe.
En ce qui concerne le pronostic, c'est toujours délicat, cela dépend de beaucoup de paramètres. Le principal problème est que l'on découvre très tard le cancer du foie. Les symptômes sont longtemps absents. C'est vraiment sur le dépistage que des progrès doivent être faits, mais aussi sur la prévention.
Quelques conseils pour finir : limitez votre consommation d'alcool, deux verres par jour maximum pour les femmes, et trois pour les hommes. Utilisez toutes les mesures de prévention contre les hépatites B et C, qui favorisent le cancer du foie, comme la vaccination pour le virus B, le préservatif ou, pour les toxicomanes, des seringues à usage unique.
Cancer du foie : des interventions moins invasives
Les traitements dépendent surtout de la taille de la tumeur et de la gravité de la maladie du foie. Quand la tumeur est importante, on a souvent recours à la chirurgie. On enlève la tumeur ou un lobe du foie (lobectomie). Au maximum, on enlève tout le foie et on fait une transplantation.
Pour de petites tumeurs ou quand la chirurgie n'est pas possible, il existe d'autres techniques moins invasives. Ce sont celles qui se sont le plus développées ces dernières années. Parmi ces traitements, la radiofréquence consiste à détruire la tumeur en la soumettant à une très forte température grâce à des ondes électromagnétiques. C'est une technique très utilisée aujourd'hui, car extrêmement efficace sur les petites tumeurs.
Autre solution, toujours pour les petites tumeurs : les médecins injectent directement de l'alcool dans la tumeur : on parle d'alcoolisation.
Autre possibilité : la chimiothérapie, et surtout, la chimioembolisation. On injecte des médicaments anticancéreux dans l'artère hépatique, qui apporte le sang au foie. Ce traitement est répété tous les quatre mois environ, jusqu'à ce que le cancer soit détruit.
Cancer du foie : le traitement par chimioembolisation
Aujourd'hui les traitements du cancer du foie se font dans les services de radiologie interventionnelle. Les médecins traitent localement les tumeurs primitives repérées par l'IRM, en injectant les chimiothérapies dans les vaisseaux qui alimentent la partie malade du foie. Des techniques peu invasives qui peuvent se répéter en fonction de l'évolution de la maladie.
Le traitement par chimioembolisation se fait sous anesthésie locale. Le médecin utilise l'échographie pour repérer l'artère fémorale dans laquelle il doit passer pour atteindre les vaisseaux qui alimentent la tumeur.
La radiographie permet au médecin de visualiser sa position dans les artères. Et pour bien trouver son chemin, il injecte par un cathéter un produit de contraste qui colore les vaisseaux. Pour trouver les petites artères qui irriguent les tumeurs, une acquisition 3D est réalisée. Elle permet de visualiser le parcours à suivre.
Une fois le cathéter en place, la chimiothérapie est injectée. Une gélatine est également injectée, elle permet de boucher les petites artères qui alimentent la tumeur pour qu'elle se nécrose. C'est le second effet de ce traitement que l'on nomme embolisation.
Quelques jours après l'intervention, un contrôle IRM est réalisé pour visualiser la réaction des cellules tumorales au traitement.
Cancer du foie : la transplantation hépatique
Lorsque la résection de la partie malade du foie ne suffit pas pour traiter le patient et qu'il faut retirer tout l'organe, une transplantation hépatique est alors indispensable.
La première étape de la transplantation hépatique consiste à retirer le foie malade. Le chirurgien doit veiller à couper les vaisseaux et canaux reliés à la partie inférieure du foie. Chaque élément est ligaturé puis sectionné au plus près du foie. L'objectif est de reconstituer un circuit normal avec le futur greffon.
Une fois le foie malade retiré, il faut penser à mettre en place celui du donneur, maintenu au froid après son prélèvement. Pour rétablir la circulation sanguine autour du foie, le chirurgien commence par relier la veine du greffon à celle du patient, puis il suture l'artère. Le greffon est ainsi revascularisé. Les autres circuits qui entourent le foie sont ensuite entièrement rétablis.
Une biopsie est effectuée sur le nouveau foie pour analyser la qualité de son tissu. Cet examen de référence permettra d'assurer le suivi du patient, qui a déjà reçu un traitement anti-rejet par perfusion au cours de l'intervention.
Le rejet n'est pas la seule cause d'échec de ce type de greffes. Il peut y avoir un apport insuffisant de sang, lorsque les vaisseaux sont mal raccordés. Les infections sont elles aussi dangereuses pour le foie greffé.