Dopage : l'important, c'est de gagner ?
Les scandales liés au dopage sont de plus en plus fréquents. Ils éclatent désormais dans tous les sports. Ce vendredi 22 juillet 2016, le Comité international olympique (CIO) a annoncé que la deuxième série de réanalyses effectuées sur les échantillons prélevés lors des Jeux de Pékin en 2008 et de Londres en 2012 révélait la présence de substances interdites chez 45 athlètes. Ce qui porte à 98 le nombre d’athlètes contrôlés positifs a posteriori, si on ajoute les résultats des premiers tests communiqués en mai dernier.
La longue histoire du dopage
L'homme a de tout temps cherché à améliorer ses performances par des moyens artificiels. Dès le VIe siècle avant J-C, les athlètes grecs ingéraient déjà différentes variétés de viandes selon la discipline sportive qu'ils pratiquaient : les sauteurs mangeaient de la viande de chèvre, les boxeurs et les lanceurs, de la viande de taureau, les lutteurs quant à eux préféraient de la viande grasse de porc.
L'hydromel avait la faveur des Grecs et les Romains faisaient appel aux propriétés toniques des feuilles de sauge. Les indigènes d'Amérique du Sud mâchaient les feuilles de coca, ceux d'Afrique, la noix de kola. Et les Chinois connaissent depuis plus de 3 000 ans les vertus stimulantes du ginseng.
Avec les progrès de la médecine, les laboratoires ont largement amélioré les produits stimulants et le monde sportif les a utilisés comme dopant.
Dopage : la situation actuelle
La liste des produits dopants, déterminées par le Comité international olympique au Journal officiel du 17 juin 1998, définit cinq classes de produits interdits :
- les stimulants qui réduisent la sensation de fatigue physique ;
- les narcotiques, naturels ou synthétiques, qui diminuent la sensation de douleur ;
- les agents anabolisants qui entraînent une augmentation de la force et de la puissance des muscles ;
- les diurétiques qui sont utilisés pour perdre du poids et diluer les produits dopants ingérés ;
- les hormones peptidiques et glycoprotéiniques et analogues qui favorisent le développement de la masse musculaire.
Tous les sportifs professionnels connaissent la liste des produits dopants et pourtant, chaque année, certains se font prendre lors de contrôle antidopage.
Les contrôles antidopage
En France, l'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD), l'Agence Mondiale Antidopage (AMA), ou encore les fédérations sportives peuvent commander des contrôles antidopage pendant les compétitions, à l'entraînement ou encore de façon inopinée.
L'une des pistes de dopage est le dopage génétique. L'idée serait d'introduire dans le corps des athlètes des cellules génétiquement modifiées pour qu'elles produisent par exemple plus d'EPO, une hormone produite naturellement par les reins. Cela fonctionnerait exactement comme la thérapie génique. Ce procédé consiste à injecter un gène chez un malade pour corriger un gène déficient.
L'objectif serait alors d'augmenter la capacité d'endurance ou la force musculaire d'un athlète grâce à une méthode extrêmement efficace, puisqu'avec une seule injection le gène peut fonctionner plusieurs années.
Même si pour l'instant personne ne peut affirmer que des athlètes bénéficient déjà du dopage génétique, depuis 2005 l'Agence Mondiale Antidopage cherche des moyens pour le détecter. En attendant, d'autres méthodes ou substances plus utilisées sont encore mal dépistées. C'est le cas des dernières générations d'EPO ou de l'autotransfusion sanguine. Les agences ont donc décidé d'utiliser une nouvelle arme : le profilage ou suivi biologique.
Le dopage modifie la numération sanguine, c'est-à-dire les composants du sang. On va par exemple constater une augmentation du nombre de globules rouges ou de plaquettes. Il ne s'agit pas de trouver une substance dopante mais plutôt une preuve indirecte. Pour mettre en œuvre cette surveillance, on réalise des prélèvements successifs chez un même sportif afin de détecter les variations anormales.
Lorsque ce suivi ou profilage biologique est utilisé pour sanctionner le sportif, on appelle cela le passeport biologique. Ce passeport biologique est utilisé depuis 2008 par l'Union Cycliste Internationale, avec des taux de probabilité de l'ordre de 99 %. Mais ce qui était présenté comme l'arme absolue contre le dopage n'a donné que de faibles résultats. Seulement 5 coureurs ont ainsi été confondus en 2009 et 3 en 2010. Et parmi eux, aucune tête d'affiche. Car comme le confirment certains experts, le passeport (dont les résultats sont obligatoirement envoyés aux sportifs) peut même les aider à se doper. Il suffit de se caler sur les paramètres pour lisser son dopage et ne pas afficher des valeurs trop élevées.
Pour l'instant, il n'y a donc toujours pas d'arme absolue à la lutte antidopage.
Dopage : des exemples célèbres
Tout le monde connaît le destin de Ben Johnson, dopé lors des Jeux olympiques de Séoul en 1988. Mais il est loin d’être le seul : Marion Jones lors des Jeux olympiques de Sydney, Richard Virenque et l'équipe Festina en 1998, ou encore le cycliste britannique Tom Simpson en 1967, mort sur les pentes du mont Ventoux, pendant le Tour de France.
On se souvient aussi de l'affaire Agricola, du nom du médecin de l'équipe de football de la Juventus de Turin (Italie). Les enquêteurs avaient retrouvé dans la pharmacie du club près de 500 médicaments différents, de quoi équiper un hôpital de taille moyenne.
Une équipe où jouaient alors Zinedine Zidane et Didier Deschamps, qui allaient gagner la coupe du monde avec l'équipe de France, un an plus tard, en 1998.
Dopage : les gluocorticoïdes
Parmi les traitements que les sportifs prennent abondamment, un semble devenir dangereusement omniprésent : les glucocorticoïdes.
Il s'agit d'un anti-inflammatoire, considéré comme dopant, mais les sportifs peuvent le prendre avec une autorisation d'utilisation thérapeutique. Certains médecins tirent toutefois la sonnette d'alarme.
Les glucocorticoïdes sont des anti-inflammatoires avec une composante hormonale. Ils se substituent au cortisol, l'hormone naturelle contre le stress physique. C'est donc un stimulant psychique et un euphorisant.
Mais le sportif risque une fibrillation et un arrêt cardiaque, un risque immédiat qui peut aussi survenir à l'arrêt du traitement.
En savoir plus
Ailleurs sur le web :