Ebola : un traitement miraculeux ?
Deux travailleurs américains contaminés par le virus Ebola ont reçu un traitement expérimental, jamais testé sur l'homme auparavant. Il est parfois considéré comme "miraculeux" parce que l'état des deux patients s'est rapidement amélioré, mais il reste difficile à dire s'il est vraiment efficace pour l'homme.
Kent Brantly et Nancy Writebol, un médecin et une coordinatrice du personnel, travaillaient tous deux pour l'organisation caritative Samaritan's Purse, au Liberia, lorsqu'ils ont contracté le virus Ebola.
Avant leur rapatriement aux Etats-Unis, ils ont reçu un traitement expérimental, qui jusqu'alors n'avait jamais été testé sur l'homme. Il s'agit d'un sérum contenant des anticorps, appelés ZMapp, produits par des souris exposées à des fragments du virus. Ce traitement avait montré son efficacité chez le singe. Sur les huit macaques testés, quatre ont survécu après avoir reçu le sérum dans les 24 heures suivant l'infection, et deux autres lorsqu'ils l'avaient reçu dans les 48 heures.
Amélioration de l'état des deux patients
Chez les deux Américains, le sérum a aussi fait ses preuves. Développé par la société de biotechnologie Mapp Biopharmaceutical (Californie), il avait été envoyé le 31 juillet 2014 par avion au Liberia sur proposition d'un responsable des autorités sanitaires américaines. Selon la CNN, Kent Brantly l'aurait reçu alors que son état se dégradait soudainement et qu'il commençait à éprouver des difficultés à respirer. Très rapidement, une heure après, les symptômes se seraient nettement atténués, lui permettant de prendre une douche seul avant son vol pour les Etats-Unis et de tenir sur ses jambes lors de son entrée à l'hôpital où il est soigné, à Atlanta.
Bien que les effets bénéfiques annoncés semblent moins spectaculaires pour Nancy Writebol, son état s'est lui aussi amélioré. Peut-on dès lors penser que l'on tient là un traitement "miraculeux" ?
ZMapp, un traitement miracle ?
"Ce traitement a montré une efficacité réelle chez les singes lorsqu'il était administré dans les 24 heures qui suivent l'exposition au virus", explique Sylvain Baize, responsable du Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales. "Il doit donc être administré très tôt, avant l'apparition des symptômes. Ce qui n'a pas été le cas pour ces deux patients". Kent Brantly et Nancy Writebol ne l'ont reçu que 9 et 6 jours respectivement après les premiers symptômes.
"Et s'ils survivent, on ne pourra pas affirmer que c'est parce qu'ils ont reçu ce traitement car 30 à 40% des personnes guérissent naturellement. De plus, on ne peut pas conclure à l'efficacité d'un traitement sur un échantillon de deux personnes seulement", ajoute Sylvain Baize.
D'autres traitements en voie de production ?
D'autres traitements sont en cours de développement, comme des vaccins, mais là encore, aucun d'entre eux n'a pour l'instant officiellement été testé sur l'homme. Trois spécialistes, dont le médecin Peter Piot qui a découvert le virus Ebola en 1976, ont demandé le 5 août à l'OMS d'accélérer l'autorisation des tests en Afrique de l'Ouest. Ces derniers pourraient notamment être fournis aux équipes soignantes, les plus susceptibles de contracter le virus.
"Il serait peut-être plus efficace de poursuivre les efforts pour combattre l'épidémie physiquement, en isolant les malades et en prenant les précautions nécessaires avant de se concentrer sur un la production d'un vaccin ou d'un traitement qui demandera encore quelques années avant d'être commercialisé", conclut Sylvain Baize.
VOIR AUSSI
- Ebola : quelles sont les mesures prises par la France ?, article du 5 août 2014.
- Marisol Touraine : ''Notre pays a les moyens de faire face à Ebola'', article du 1er août 2014.
- Ebola : un responsable de la lutte contaminé par le virus, article du 24 juillet 2014.
- Ebola : l'épidémie s'intensifie en Afrique de l'Ouest, article du 15 juillet 2014.
- L'Institut Pasteur traque les maladies émergentes, article du 10 janvier 2013.