Feu vert élargi pour la vente en ligne de médicaments
Le gouvernement vient de publier l'arrêté définissant les conditions dans lesquelles tous les médicaments sans ordonnances pourront désormais être achetés sur Internet. C'est à la suite des réserves de l'Autorité de la concurrence sur les restrictions initialement prévues que le champ de ces ventes a été élargi.
"La vente sur Internet devient un nouveau mode de dispensation du médicament", résume Alain Delgutte, président du Conseil central de l'Ordre des pharmaciens, à la lecture de l'arrêté du 20 juin 2013. "Ce texte apporte de bonnes garanties de sécurité aux personnes qui veulent faire des achats en ligne". L'Ordre semble donc soulagé après des mois d'inquiétude face à la transposition française d'une directive européenne de 2011.
Une très bonne nouvelle
"C'est une très bonne nouvelle", confirme Philippe Lailler, qui n'a pas attendu la loi pour proposer des prestations sur le web. "L'ordonnance du 19 décembre 2012 prévoyait de restreindre ces ventes à environ 350 références mais ce nouveau texte tient compte de l'avis de l'Autorité de la concurrence qui dénonçait des contraintes excessives". En effet, l'ordonnance initiale prévoyait de limiter cette activité "aux médicaments de médication officinale qui peuvent être présentés en accès direct au public", c’est-à-dire devant le comptoir du pharmacien. Mais finalement, tout ce qui n’a pas besoin d’une ordonnance médicale peut être ainsi délivré.
Néanmoins, des divergences persistent entre ce "pionnier" et son Ordre notamment autour des informations que doivent fournir les internautes pour chaque produit commandé. Le texte établit en effet qu’"avant la validation de première commande, le pharmacien a la responsabilité de mettre en ligne un questionnaire dans lequel le patient doit renseigner son âge, son poids, son sexe, ses traitements en cours, ses antécédents allergiques et, le cas échéant, son état de grossesse ou d'allaitement."
Protection adaptée ou frein excessif ?
"C’est parfait, estime Alain Delgutte. Cela se rapproche de l’échange en officine. Le pharmacien va jouer son rôle et ne pourra pas dire qu'il n’était pas au courant". Philippe Lailler craint, quant à lui; que cela ne constitue "un frein trop important par rapport aux pratiques des sites belges et allemands notamment". Et il s'interroge :"Est-il vraiment indispensable de donner tous ces éléments pour acheter un simple tube de dentifrice ou des pansements contre les cors au pied ?"
Quant à ceux qui s'inquièteraient de la protection des données personnelles ainsi mises en ligne, la CNIL (Commission Nationale Informatique et Libertés) a été consultée. "Mais attention", rappelle Alain Delgutte, "chacun doit absolument rester vigilant et vérifier qu’il se trouve bien sur un site autorisé et éviter ainsi d’être victime de contrefaçon ". Comment ? En vérifiant que ce site est bien "le prolongement virtuel d’une officine de pharmacie autorisée et ouverte au public ", comme le stipule l’arrêté, et a été surtout agréé par l’Agence Régionale de Santé. L’Ordre national des Pharmaciens met à disposition du grand public la liste intégrale des sites autorisés.
Attention aux contrefaçons
Le promoteur d’un nouveau mode d’exercice professionnel espère lui que toute ces protections n’empêcheront pas Internet de favoriser "une automédication raisonnée et intelligente qui peut", selon Philippe Lailler, "contribuer à réduire le déficit de la Sécurité sociale". Mais au-delà des enjeux financiers soulevés par cette question, les récentes crises sanitaires autour du médicament doivent surtout aider chaque usager à garder à l’esprit qu’il n’est jamais anodin d’y recourir.
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