Infections nosocomiales et blouses blanches
Les blouses blanches sont-elles vraiment propres ? Une étude israélienne, menée par une équipe de chercheurs du centre médical Shaare Zedeck, à Jérusalem, tant à prouver le contraire et révèle que les blouses des médecins sont souvent infectées de germes pathogènes. Même si ces germes ne posent pas de risques directs de contamination, les résultats interrogent sur les normes d’hygiène du linge en milieu hospitalier.
En France, jusqu’à la fin des années 1990, la norme AFNOR G07-102 régissait les contrôles microbiologiques en blanchisserie, afin de limiter les risques de contamination du linge en milieu hospitalier. Elle a ensuite été abrogée au profit d’une norme européenne. S'ajoutent à cette norme d'hygiène, des décrets hospitaliers, engageant la responsabilité des soignants, comme l’article 11 du décret du 16 février 1993, qui stipule que "l’infirmier(ère) respecte et fait respecter les règles d’hygiène dans l’admission des soins, dans l’utilisation des matériels et dans la tenue des locaux".
Afin de limiter les risques de contamination, les uniformes des médecins et du personnel médical sont changés quotidiennement, et lavés séparément du linge des malades. Tout comme pour le linge des patients, les blouses et les pantalons du personnel sont acheminés vers la blanchisserie puis ramenés à l’hôpital selon un circuit précis, et avec de nombreuses précautions (pré-tri, technique de pliage, utilisation de sacs imperméables, etc.). Et pourtant, toutes ces mesures ne suffisent pas, puisque, pendant la journée, médecins et infirmiers circulent dans l’hôpital en transportant avec eux une batterie de microbes et autres germes pathogènes responsables d'infections nosocomiales.
Selon l’étude israélienne publiée dans l’American Journal of Infection Control, plus de 60 % des uniformes analysés étaient contaminés. Plus inquiétant encore, sur les 238 blouses, 27 étaient porteuses de souches bactériennes multi-résistantes, dont le fameux staphylocoque doré, retrouvé sur huit uniformes. Même si les auteurs de l’étude précisent que les blouses ne posent pas de risque direct de transmission d’infection, ces chiffres rappellent que chaque année 10 000 personnes meurent des suites d’une infection nosocomiale. Or, 17 % de ces infections sont dues à une contamination du linge.
Des contrôles sont régulièrement effectués, afin de savoir si le temps de lavage, les températures, les quantités d’eau et de produits nécessaires à un lavage satisfaisant, ont été respectés. Des échantillons de tissus sont prélevés puis analysés dans des laboratoires de bactériologie à titre indicatif.
Mais le problème ne vient pas tant du lavage, que de la manipulation qui le suit. 80 % des bactéries qui se retrouvent sur le linge viennent des manipulations post-lavage. Selon les établissements, le linge est touché au moins dix fois entre le repassage et la distribution. Ces infections manu portées sont les plus courantes, sans compter celles véhiculées par l’environnement dans lequel le linge est transporté ou rangé (sols, plafonds, ventilation, chariots, etc.).
Nadine, infirmère, témoigne : "Avant, les blouses étaient nominatives, aujourd'hui elles sont uniquement classées par taille, et rangées dans des sacs par quatre. Chacun se sert, et les blouses sont touchées plusieurs fois avant d'être portées." Dans le cadre de la suppression des postes, le linge n'est plus géré par une seule personne, la lingère, mais par l'ensemble du personnel, ce qui augmente encore les risques d'infections manu portées. Sans compter les transports internes à l'hôpital. "Plus l'hôpital est grand et divisé en bâtiments, plus la distribution est difficile. Dans un hôpital de structure pavillonnaire, le linge est distribué d'un bâtiment à l'autre tandis que dans un hôpital type blocus, le linge circule uniquement entre les étages", poursuit Nadine.
Une étude sur la contamination des blouses blanches a montré que les poignets et les poches sont les parties les plus contaminées par les bactéries. Afin de diminuer ces contaminations, les blouses devraient donc être sans manches, et sans poches.
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Sur Bonjour-docteur :
Dans les médias :
- Le Point.fr
- "Sur les blouses des médecins, gare aux bactéries tueuses", le 9 septembre 2011.