La greffe pour remplacer le foie
Le 18 septembre 2009 a marqué la célébration de la 2500e greffe du foie au centre européen hépatobiliaire de l'hôpital Paul-Brousse. Les médecins parlent de transplantation hépatique, ce qui correspond au transfert d'une partie ou de la totalité du foie. Comment se passe l’opération ? Peut-on faire appel à des donneurs vivants ?
Qu’est-ce que la greffe de foie ?
Hépatites, cirrhoses, cancers peuvent provoquer la destruction du foie, et nécessiter une greffe, encore appelée transplantation hépatique. Cette intervention chirurgicale permet de remplacer le foie malade par un foie sain.
Le foie est situé dans l'abdomen, du côté droit, sous le diaphragme, le muscle qui nous aide à respirer. Il est relié à la vésicule biliaire et à des vaisseaux sanguins. Quand il est sain, le foie est normalement brun rouge car il est gorgé de sang. Il est traversé par des veines et des artères. Ces vaisseaux propulsent dans le foie, un litre et demi de sang toutes les minutes. Il reçoit du sang riche en nutriments.
Ces veines se répartissent de façon régulière et précise, elles forment un hexagone. Le sang arrive par une veine et entre en contact avec les cellules du foie : les hépatocytes. Elles vont récupérer les vieux globules rouges pour les détruire, elles nous débarrassent aussi de certains produits comme l'ammoniac, récupèrent le sucre pour le stocker, et à partir des acides aminés elles fabriquent des protéines, notamment celles qui permettent la coagulation du sang (le fibrinogène).
Le foie fabrique la bile indispensable à la digestion des graisses, et il est le seul organe capable d'éliminer le cholestérol. Il s'agit donc d'un organe vital. Quand une maladie détruit progressivement le foie, cela peut évoluer pendant plusieurs mois ou plusieurs années jusqu'à l'insuffisance hépatique terminale, qui menace la vie du malade. C'est le cas avec la cirrhose ou l'hépatite à virus C. L'altération peut être plus rapide et brutale avec l'hépatite fulminante ou l'hépatite aiguë sévère. C'est alors une urgence, la greffe de foie devient indispensable.
Le donneur vivant, une autre possibilité
La transplantation à partir d'un donneur vivant a l'avantage d'être programmée à l'avance. Alors que dans les autres cas, on est placé sur une liste d'attente s'il n'y a pas de donneur compatible. Hélas, il y a plus de malades en attente que de foies disponibles. Le délai d'attente varie alors entre quelques jours (pour les situations urgentes) et quelques mois.
La greffe à partir d'un donneur décédé a toutefois un avantage. Le foie peut être divisé en deux et satisfaire deux receveurs : un enfant malade avec le petit lobe et un adulte avec le gros.
Après la greffe, il est nécessaire de prendre un traitement immunosuppresseur durant toute sa vie. Le but est diminuer l'activité des défenses immunitaires. Le risque principal après l'opération étant en effet le rejet.
Le corps du malade n'accepte pas la présence d'un organe qui ne lui appartient pas et ses défenses immunitaires détruisent alors le foie greffé. C'est pourquoi, il faut étudier les caractéristiques immunitaires du donneur et du receveur pour qu'elles soient compatibles entre elles.
Greffe de foie : la préparation pré-opératoire
Avec la pénurie de greffons, des mois d'attente précèdent généralement l'appel du centre de greffe. Après des examens qui confirment la compatibilité entre donneur et receveur, c'est l'entrée au bloc opératoire pour des heures d'intervention.
Une opération longue de douze heures
De nombreuses maladies demandent une transplantation hépatique, c'est le cas des affections virales, comme une hépatite. La situation la plus urgente est l'hépatite aiguë fulminante. Le foie se dégrade très rapidement et le malade peut mourir en quelques jours.
Les médicaments, les toxiques ou les maladies auto-immunes peuvent aussi altérer le fonctionnement du foie et nécessiter une greffe.
D'évolution plus lente, la cirrhose correspond à une dégradation progressive du foie. Au bout de quelques mois ou quelques années, celui-ci devient incapable de fonctionner. La transplantation est alors indispensable.
Le rejet n'est pas la seule cause d'échec de ce type de greffes. Il peut y avoir un apport insuffisant de sang, lorsque les vaisseaux sont mal raccordés. Les infections sont elles aussi dangereuses pour le foie greffé.
Greffe de foie : la surveillance post-opératoire
Pendant les heures qui suivent l'intervention, c'est la reprise d'activité du greffon qu'il faut surtout accompagner et surveiller. Des journées particulièrement sensibles pour une greffe de foie puisqu'il n'existe pas, comme pour le rein, de machine capable de le remplacer.
Le suivi médical est très strict pendant les six premiers mois qui suivent la greffe. Il s'espace ensuite si tout est normal. Les personnes transplantées peuvent reprendre une vie normale et leur travail au bout de six mois.
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Questions/réponses :
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* Les réponses avec le Pr. Didier Samuel, chef du pôle maladies du foie à l'hôpital Paul Brousse (Villejuif)
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