Le foie, organe à tout faire
Plus de 8.000 cas de cancers du foie sont diagnostiqués par an en France. Lorsque la tumeur est trop grosse, il faut parfois ôter près de 40% du foie. Pourtant, cette ponction n'a souvent qu'un effet minime sur l'efficacité du nouvel organe. Son secret : la régénération cellulaire.
Un foie très polyvalent
Le foie est l'un de nos organes vitaux alors il faut le préserver. Mais il peut malgré tout être touché par une maladie comme par exemple la cirrhose, l'hépatite ou le cancer.
Le foie est l'organe le plus volumineux de notre corps. Chez l'adulte, il pèse près de 1,5 kg et mesure en moyenne 28 cm de large. Il est situé dans l'abdomen, sous le diaphragme. Le foie fabrique la bile qui aide à la digestion des graisses. Il stocke le glucose, les vitamines et les minéraux issus de la digestion. Il les libère dans le sang lorsque l'organisme en a besoin.
Il débarrasse aussi le corps d'une bonne partie des toxines : le sang arrive chargé de déchets, par exemple d'alcool ou de médicaments. Il rejoint ensuite la circulation sanguine une fois purifié. Chaque minute, le foie est traversé par presque un litre et demi de sang !
Toutes ces fonctions sont en grande partie effectuées par les cellules du foie, les hépatocytes. Elles s'organisent en petits groupes, les lobules, autour d'une veine centrale.
Le foie à travers les siècles
Le foie fascine depuis l'Antiquité. Au fil des siècles, les savants lui ont toujours prêté un rôle central dans le corps humain. De nombreuses théories ont circulé sur le foie au cours de l'histoire.
Le foie fait parler de lui depuis plus de 2.700 ans, dès l'histoire mythique de Prométhée. Pour avoir donné le feu aux humains, ce titan est puni par Zeus. Enchaîné à une montagne, il se fait chaque jour dévorer le foie. Une souffrance qui se répète à l'infini puisque son organe repousse à la nuit tombée. Hasard de l'histoire, cette capacité anatomique était pourtant inconnue à l'époque.
De l'Antiquité vient aussi son nom dans les langues latines. Une origine tout à fait singulière que l'on trouve dans l'assiette des Romains : "Le mot foie en latin vient de figue. Les Romains gavaient les oies pour faire du foie gras avec des figues. Le mot foie en latin a disparu et on n'a gardé que la figue", raconte Jocelyne Warnesson, historienne spécialisée en médecine et chirurgie.
Au IVe siècle avant J-C, Hippocrate développe la théorie des quatre humeurs. Pour le sage, le sang est l'un des quatre piliers. Lorsqu'une personne tombe malade, il faut retrouver l'équilibre et enlever de l'humeur en trop. Les saignées seront un remède de choix pendant plus de vingt siècles.
Au IIe siècle après J-C, Galien va plus loin. Pour lui, le foie est une véritable usine à sang. Pas le coeur. Les aliments ingurgités sont transformés en sang dans le foie, ils circulent ensuite dans le corps et s'évacuent par les urines, les selles et la sueur. Médecin des gladiateurs, Galien est considéré comme une sommité. Pourtant, ses observations anatomiques ne reposent que sur des animaux. À l'époque, les dissections sur humains sont interdites : "Galien va disséquer quelques singes, beaucoup de chiens (…) Sa première erreur concernant le foie, c'est qu'il considère que le foie du chien ayant quatre lobes, le foie de l'humain a aussi quatre lobes", précise Jocelyne Warnesson. Une erreur puisque l'être humain n'en possède que deux.
Il faudra attendre 1543 et un jeune professeur d'anatomie à l'université de Padoue, André Vésale pour que cela soit démontré : "Il va disséquer beaucoup de cadavres, faire des planches anatomiques extrêmement précises. Et quand il observe le foie, il marque deux lobes au foie, et non quatre". Vésale met fin à plus de 1.000 ans d'erreurs scientifiques.
Moins d'un siècle plus tard, un médecin anglais fait une découverte qui change tout. Grâce à ses expériences sur des grenouilles, William Harvey s'aperçoit que ce n'est pas le foie qui est au centre de la circulation sanguine, mais le cœur. Après plus de deux millénaires, le foie perd sa place d'organe majeur. Quant à son rôle exact, ce n'est qu'au XIXe siècle qu'un physiologiste français le découvre. En 1855, Claude Bernard démontre notamment sa fonction dans la régulation de la glycémie.
Les maladies du foie
En France, plus de 8.000 cas de cancer du foie sont diagnostiqués chaque année. Et de nombreux cas de cirrhose sont causés par l'abus d'alcool ou les virus des hépatites B et C.
Plusieurs moyens sont à disposition pour détecter les différentes affections du foie : les analyses de sang permettent de chercher les marqueurs de fonctionnement du foie. Il est aussi possible d'en étudier l'aspect grâce à des techniques d'imagerie comme l'échographie ou le scanner, ou réaliser une biopsie, qui consiste à prélever un échantillon de tissu pour l'examiner au microscope.
Mais la biopsie peut parfois présenter des risques pour le patient, ce qui n'est pas le cas d'une nouvelle technique, le fibroscan, qui ressemble à un examen doppler. Pourtant, malgré les avantages du fibroscan, la biopsie reste encore nécessaire pour diagnostiquer certaines maladies, comme le cancer. Elle permet de savoir si la tumeur est cancéreuse ou non.
Dans le cas du fibroscan, une sonde envoie des ultrasons dans le foie. En fonction de la vitesse de l'onde, les médecins peuvent déterminer son état de santé.
Lutter contre le cancer du foie
Le traitement classique d'une tumeur est la chirurgie ou/et la chimiothérapie. Mais quand la tumeur est petite, on peut aussi la traiter par radio-fréquence. Le médecin applique des électrodes au niveau de l'abdomen, juste au dessus du foie, puis envoie un courant électrique qui va détruire les cellules cancéreuses.
En revanche, quand la taille de la tumeur est trop importante, le traitement chirurgical est plus efficace. Mais dans ce cas, le chirurgien est obligé d'enlever une partie du foie.
Quand une tumeur est située sur un lobe, il s'agit d'une lobectomie. Lorsqu'il faut enlever plus de tissus, on parle alors d'hépatectomie partielle.
Les conséquences de cette ablation sont minimes car le foie à la particularité d'être divisé, naturellement, en foie droit et gauche. Chaque zone est vascularisée de façon indépendante, ce qui fait qu'on peut en enlever une partie sans perturber le reste.
Après l'opération, le malade doit rester environ une semaine sous surveillance médicale. Comme le foie régénère ses propres cellules deux mois après, il a récupéré toutes ses fonctions. Au bout de quatre mois, il retrouve même sa taille et son poids d'origine.
Pour préparer une opération d'hépatectomie, deux chirurgiens doivent être mobilisés.
Cancer du foie : les progrès de la chirurgie
Le foie est régulièrement touché par des métastases. Depuis quelques années, il est possible de l'opérer par coelioscopie par exemple avec des procédés de plus en plus modernes et notamment par la 3D. Une opération beaucoup moins invasive qui permet une récupération plus rapide.