La santé des migrants, une jungle médicale
Les immigrés, avec ou sans papiers, forment une population très hétérogène, de nationalités et de cultures différentes. Au problème de déracinement et d'exil s'ajoute souvent celui de l'accès aux soins. Mais la difficulté est de s'y retrouver dans la jungle administrative...
Une permanence de soins à Calais
Depuis la fermeture du centre de Sangatte en 2002, des centaines de migrants clandestins, prêts à tout pour rejoindre l'Angleterre, sont livrés à eux-mêmes.
Médecins du Monde a mis en place une permanence d'accès aux soins pour leur venir en aide, assurée par l'hôpital de Calais.
Chaque jour, un médecin, une infirmière et un interprète accueillent entre 30 et 40 patients.
Un système de soins complexe
La France compte 5 millions environ d'étrangers. Leur santé, tout comme celles des Français, dépend de leurs conditions sociales et économiques.
Il est vrai que les migrants sont plus souvent en situation précaire que le reste de la population : revenus inférieurs de 32 %, niveau de vie inférieur de 26 %. A cela il faut ajouter plus de chômage et des conditions de logement moins favorables.
Toute personne vivant en France en situation régulière et depuis au moins trois mois est couvert par l'Assurance-maladie, dont la couverture maladie universelle de base. L'Aide Médicale de l'Etat, l'AME, est destinée aux personnes qui n'ont pas de titre de séjour et disposent de faibles ressources. Pour ceux qui sont sans argent et sans protection maladie, il existe une permanence d'accès aux soins de santé dans les hôpitaux publics.
Le dispositif de soins aux migrants existe donc, mais tous ne le savent pas. Ces populations sont en outre prises dans la spirale des démarches administratives pour régulariser leur statut juridique et gagner leur vie. Leur santé devient un problème secondaire, souvent délaissé.
Le rôle crucial des associations
Des associations travaillant dans le domaine de la santé ont donc développé des actions à destination des migrants pour les informer et les inciter à accéder aux soins.
Même si au cours des vingt dernières années, les pouvoirs publics ont favorisé l'accès aux soins pour les étrangers, cela reste insuffisant.
Car pour êtres efficaces, les actions de santé destinées à ces populations doivent tenir compte de l'effet du déracinement et des différences culturelles.
Depuis 1979, un Comité médical pour les exilés a été créé, il s'agit du centre de santé du Comede. Chaque année, environ 5 000 patients de 90 nationalités y sont accueillis et soignés.
Aminata est chargée de prévention médicale pour l'association Ikambéré. Elle se rend tous les jours au contact des immigrés pour les aider à mieux comprendre le système de santé français.
Lever les barrières culturelles
Certains aspects de notre médecine moderne peuvent effrayer, et même parfois, aller à l'encontre de l'image qu'on se fait de la maladie et de son traitement. Les services de santé sont parfois confrontés à des fugues de la part de ces patients, à des violences, à la rupture du suivi et à l'inobservance du traitement. Des comportements qui cachent souvent des angoisses profondes et dont les soignants ne peuvent pas imaginer l'existence.
Pour pallier ce manque, certains hôpitaux ont choisi de s'adapter. C'est le cas de l'hôpital Avicenne, à Bobigny, en région parisienne. En raison de sa localisation, la moitié des patients est de nationalité étrangère. 64 langues y sont parlées. Des médiateurs intercommunautaires qui facilitent le dialogue entre les patients et l'équipe soignante.
A consulter : la carte des permanences d'accès aux soins des Hôpitaux de Paris