Peut-on transformer la mauvaise graisse en bonne graisse ?
Blanche ou brune, les graisses corporelles ne sont pas identiques. Quand l'une provoque diabète et obésité, l'autre permet de brûler des calories... Des chercheurs auraient trouvé la solution pour convertir la mauvaise graisse blanche en bonne graisse brune, afin de lutter contre l'obésité.
Toutes les graisses ne se valent pas. D'un coté, les graisses blanches néfastes, qui forment les "bourrelets" et qui favorisent l'obésité, les maladies cardiovasculaires ou le diabète de type 2. Et de l'autre : les graisses brunes. Cette "bonne graisse", brûle ses propres adipocytes, pour faire augmenter la température du corps. Elle stabilise, d'autre part, la glycémie, régulant ainsi l'insuline dans l'organisme. Un atout pour lutter contre le diabète de type 2. La graisse brune, qui tient sa couleur de sa forte teneur en fer, est présente chez tous les mammifères. Elle permet notamment à certains animaux de tenir pendant la période d'hibernation. Lors des premières semaines de vie du nourrisson, la graisse brune lui permet de réguler sa température corporelle, car il n'a pas encore acquit le reflexe de frissonnement. Puis elle se raréfie au cours de la vie, ce qui la rend d'autant plus estimable...
Depuis près d'une décennie, les scientifiques se penchent sur cette bonne graisse, espérant s'en servir pour traiter l'obésité et ses conséquences. Un espoir émerge notamment : transformer la graisse blanche en graisse brune, pour augmenter les dépenses énergétiques... Et spontanément, ce phénomène a déjà été observé ! Des souris exposées à de très basses températures ont été capables de conférer à leur graisse blanche les activités de la graisse brune. Ce phénomène, appelé "brunissement", a permis l'augmentation de l'activité énergétique dans le mauvais gras, induisant ainsi une perte de poids. De la même façon, certaines populations humaines s'acclimatent au froid, en convertissant leur graisse blanche.
Bientôt une pilule pour transformer le mauvais gras ?
Des chercheurs de l'Université d'Harvard (Etats-Unis) auraient découvert un cocktail de deux molécules qui permettrait cette conversion. Publiée le 8 décembre dans la revue Nature Cell Biology, l'étude a été réalisée sur des cellules souches humaines converties en adipocytes. Deux molécules (JAK et UCP1) conféreraient à la graisse blanche les mêmes activités que la graisse brune, apportant ainsi des fonctions bénéfiques. La conversion augmente, par exemple, l'activité mitochondriale dans les adipocytes, qui permet une consommation d'énergie (et donc de calories). L'équipe a, pour la première fois, donné une clé pour expliquer ce phénomène de brunissement. Selon eux, ces molécules représentent une porte d'entrée vers de nouveaux traitements pour lutter contre l'obésité et le diabète de type 2.
Attention néanmoins, les chercheurs sont loin d'avoir trouvé le remède miracle. Ces molécules, dont l'une d'elles est déjà utilisée pour traiter l'arthrite rhumatoïde, ne sont pas sans effet. Elles ont la particularité de cibler une protéine impliquée dans la réponse inflammatoire. A long terme, cet hypothétique traitement pourrait donc endommager le système immunitaire et rendre les patients traités immunodéprimés. Pour l'instant, donc, "la pilule qui remplace le tapis de course" (1) reste encore une utopie.
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(1) Citation des chercheurs sur le site de Harvard.
Source : White-to-brown metabolic conversion of human adipocytes by JAK inhibition. A; Moisan et al. Décembre 2014, Nature Cell Biology. DOI:10.1038/ncb3075