Plomb : des milliers de logements contaminés

D'après une étude récemment menée, de très nombreux logements français sont toujours exposés au plomb. Mais l'espace extérieur n'est pas non plus épargné par la contamination.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Plomb : des milliers de logements contaminés

Les risques d'exposition et de contamination au plomb en France sont bien réels. L'étude menée par l'Ecole des hautes études en santé publique à Rennes (EHESP) et le Centre scientifique et technique du bâtiment révèle que l'exposition au plomb des enfants est multiple.

Bien que moins d'enfants soient atteints de saturnisme dans notre pays, il reste tout de même encore 170 000 habitations, où vivent des enfants âgés de 6 mois à 6 ans, qui contiennent des peintures au plomb en mauvais état. "25 % des habitations contiennent de la peinture au plomb. Parmi elles, 5 % présentent des peintures dans un état dégradé", déclare Philippe Glorennec, de l'EHESP, qui a participé à l'étude.

Du plomb dans l'eau et dans les poussières

Des prélèvements de différentes natures (poussières, prélèvements d'eau et de peintures…) ont été réalisés dans 484 logements, puis analysés et extrapolés à l'ensemble du parc français. Et les résultats sont très mauvais : les chercheurs évaluent à 150 000, parmi les 3,6 millions de logements français qui abritent des enfants de moins de 6 ans, le nombre de ceux dont l'eau du robinet présente une concentration au plomb supérieure à la norme fixée par la Commission européenne, à compter du 1er janvier 2013.

Les poussières d'intérieur sont aussi concernées : 7 500 habitations et 45 000 parties communes d'immeuble dépassent les recommandations fédérales américaines. Cette pollution est directement liée à la présence de peintures au plomb sur les murs.

L'air extérieur aussi contaminé

Des prélèvements ont également été faits dans des espaces extérieurs aux habitations, par exemple dans des aires de jeux pour enfants. Là aussi, les résultats obtenus sont inquiétants. L'étude révèle que 37 000 espaces en plein air présentent des teneurs en plomb supérieures au seuil actuellement en vigueur aux Etats-Unis pour la terre.

D'où vient cette contamination ? En premier lieu, de la terre elle-même : "Le plomb est un métal naturellement présent dans la terre, et les teneurs sont variables d'une région à l'autre", continue Philippe Glorennec. Et à cette présence naturelle vient s'ajouter deux sources de pollution. "Aujourd'hui, les essences sont "sans plomb", mais auparavant, le moteur des voitures en rejetait dans l'atmosphère. Celui-ci est très persistant dans l'environnement, et près des zones de forte circulation, la contamination demeure. Enfin, il existe une source de contamination industrielle. Les fonderies et les cristalleries, par exemple, produisent beaucoup de plomb".

La France en manque de valeurs repères

Pourquoi devons-nous nous reporter, pour analyser nos mesures, à un référentiel américain ? "Nous n'avons pas de valeurs-guide, en France, qui fixeraient une teneur maximale en plomb dans les poussières au sol ou dans l'air", déclare Philippe Glorennec. Il existe pourtant en France une valeur de référence pour la teneur en plomb dans les poussières au sol, mais il s'agit d'une valeur "après travaux". "En pratique, quand des travaux sont faits pour enlever une vieille peinture au plomb, on teste le taux de plomb dans les poussières au sol, pour s'assurer que l'on n'en a pas "mis partout"" explique-t-il. "Peut-être nos études vont-elles aider à fixer des limites pour la contamination liée aux poussières de plomb dans notre pays."

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